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Libération
«Sinistrose»

A droite, une rentrée en ordre dispersé

En quête d'un cap pour surmonter leur cinglante défaite aux européennes qui a engendré divisions et départs, Les Républicains peine à trouver la recette du rassemblement.
Les candidats à la présidence de LR Guillaume Larrivé et Christian Jacob, ainsi que le président intérim Jean Leonetti à La Baule, samedi. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 2 septembre 2019 à 6h38

Week-end de rentrée pour une droite qui, des plages bauloises aux forêts corréziennes en passant par le bocage normand, ne parvient à s’accorder sur ce qu’elle a à dire. Et qui, au fil de ses déboires électoraux, creuse le fossé entre ses différences. La droite et le centre droit ne sont pas près de sceller une nouvelle union à même de les faire revenir au pouvoir. Même s’ils savent que c’est la condition sine qua non de leur retour aux affaires. Déboussolés, pendant ces deux jours, la droite et le centre n’auront fait qu’acter leurs divergences. Sur le fond comme sur la forme.

La Baule : l’automne des doutes

Dans la station balnéaire des bords de l'Atlantique s'est joué l'acte I de la rentrée du parti Les Républicains. En mode halé et en présence de trois prétendants à la présence du parti de droite. La trêve estivale n'est pas parvenue à effacer complètement l'amertume des défaites successives. Gérard Larcher incite les troupes à ne pas succomber à la «sinistrose». «Je crois que notre famille a un avenir. Je ne l'abandonnerai pas. Et j'irai jusqu'au bout pour la rassembler», poursuit le président de la haute assemblée. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, ironise : «Pourquoi organiser une université d'été alors qu'on nous prédit un hiver perpétuel ?» s'interroge-t-il narquoisement, préconisant le retour à la bataille des idées avant de s'interroger sur toute forme de rassemblement. Les trois candidats, Christian Jacob, président des députés LR à l'Assemblée nationale, Guillaume Larrivé, député de l'Yonne et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, et Julien Aubert, député du Vaucluse, ont profité de ce dernier bain de soleil pour tenter de mettre en avant leurs quelques différences.

Julien Aubert veut un retour à un RPR des temps d'antan sur une ligne séguinisto-pasquaïenne. Surtout pour lui, le retour à l'UMP et donc à une alliance avec le centre est «caduc». Christian Jacob trace son sillon sans dévier d'un millimètre en prônant le rassemblement à tous crins.

A force d'en bouffer, Guillaume Larrivé en a soupé des termes qui commencent en «"re", comme reconstruire, rebâtir ou rassembler». «Il faut transformer le parti en celui de la France libre», s'emporte le jeune député qui, au détour de sa tirade en profite pour tacler sévèrement Valérie Pécresse. La patronne de l'Ile-de-France tenait le même jour le rassemblement de ses forces du mouvement «Libres !» à Brive-la-Gaillarde sur des terres qui ne sont pas siennes mais qu'elle a appris à aimer.

Brive-la-Gaillarde : l’été indien de Valérie Pécresse

Recours ou retour ? Ou feuille morte ? L'un n'excluant pas les autres, la patronne de la région Ile-de-France considère qu'«un jour, il faudra bien qu'on soit tous réunis». En 2022 par exemple. Une date qui n'a pas l'heur de plaire à Guillaume Larrivé qui, de La Baule, a adressé un message à la Corrézienne de fraîche date. Il n'a pas lésiné pour se gausser de «ceux ou celles qui imaginent quitter la maison mère pour créer leur petite boutique concurrente, alimenter la zizanie, prendre le bon air de la Corrèze, faire leur petite cuisine sur leur petit réchaud tout en espérant le jour venu bénéficier de l'appui des militants LR et du financement du parti». L'ancienne ministre très versaillaise de Nicolas Sarkozy n'ambitionne qu'une chose : «Défendre une droite moderne»… Ouverte sur les questions sociétales mais ferme sur les questions régaliennes comme la sécurité l'identité nationale et l'immigration.

Les Centristes : fruits d’entre saisons

Patron du parti Les Centristes et président de la région Normandie, Hervé Morin était présent au rassemblement du mouvement Libres ! avant d'aller revoir sa Normandie pour sa traditionnelle «Fête de la pomme». Un rassemblement champêtre qui sonne l'heure de la rentrée politique du président de la région Normandie. Patron du Nouveau Centre, il a fait campagne pour François-Xavier Bellamy, le très conservateur chef de file des LR aux élections européennes. Il justifie maintenant sa présence aux côtés de Valérie Pécresse pour participer aux côtés d'une droite moderne. «Cela fait des années que nous avons un deux ou trois trains de retard. Je ne veux pas être le porte-parole d'une famille politique ringarde. Nous devons être une droite moderne», assène Hervé Morin. Notamment sur les questions écolo-féministes et les prochaines lois bioéthiques. Avec la même assurance que Gérard Larcher, il dit vouloir fonder la droite du XXIe siècle. Pas sûr qu'il soit le mieux placé. Pas sûr que la droite soit la mieux unicorde aujourd'hui pour faire passer son message, totalement illisible aux yeux des électeurs. Surtout quand les alliances sont pour le moins élastiques, sinon mouvantes.