«Il faut que les femmes soient mises au cœur de tous les dispositifs pour éviter des phénomènes de victimisation secondaires : être victime de violences et devoir déposer plusieurs plaintes ou se rendre plusieurs fois au commissariat pour que celles-ci soient prises en compte. Ces femmes peuvent être en danger à tout moment : il faut prendre en compte non seulement le danger imminent mais savoir aussi évaluer les risques tout au long de leur parcours. Pour cela, nous avons mis en place une grille d’évaluation qui prend en compte des critères relatifs à la victime, à l’auteur, ainsi qu’au contexte : y a-t-il une audience à venir ? S’agit-il d’une séparation ? Auquel cas, il faut garder en tête que 30 % des féminicides surviennent dans un contexte de séparation, ce qui montre bien que la fin de la relation ne signifie pas la fin des violences conjugales.
«Ensuite, il faut déployer davantage de référents spécialisés dans les commissariats et gendarmeries. Renforcer ces effectifs permettrait que les femmes soient reçues et orientées à chaque fois qu’elles se rendent au commissariat, mais aussi de faire en sorte que l’enquête soit plus poussée. On voit dans certaines affaires récentes de féminicide que des plaintes ont été déposées, mais qu’il n’a probablement pas été réalisé de synthèse des faits déjà dénoncés par la victime auparavant.
«Nous sommes également favorables à la mise en place de juridictions spécialisées, au niveau civil et pénal, comme cela se fait en Espagne, ce qui pourrait permettre de prononcer davantage d’ordonnances de protection, ou que les violences soient mieux prises en compte par les juges aux affaires familiales pour tout ce qui touche à l’exercice de l’autorité parentale. Il y a encore beaucoup trop de femmes harcelées, menacées, ou dont la sécurité est mise en jeu par leur conjoint ou leur ex autour de questions liées aux enfants. Il faut aussi pouvoir encadrer le droit de visite et d’hébergement et permettre aux femmes de dissimuler leur adresse lorsqu’elles sont mises à l’abri avec leurs enfants.»