Fixer à cinq ou dix mètres, selon les cultures, la distance minimale entre les habitations et les champs traités aux pesticides : c’est la proposition sur laquelle les Français sont appelés à s’exprimer à partir de ce lundi, via une consultation en ligne sur le site du ministère de l’Agriculture, qui doit durer trois semaines.
Avant même le début officiel des discussions, le projet de décret, censé entrer en vigueur le 1er janvier, a été critiqué par les défenseurs de l'environnement, qui jugent insuffisantes les distances de sécurité retenues par le gouvernement pour protéger les riverains des épandages de produits phytosanitaires. «Cinq ou dix mètres ne représentent absolument pas une distance susceptible de réduire de manière significative l'exposition des riverains aux pesticides», a réagi samedi le directeur de l'ONG Générations futures, François Veillerette.
«Cette décision me paraît insuffisante. On acte, mais il faut aller plus loin», a déclaré l'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot. David Cormand, secrétaire national d'Europe Ecologie-les Verts, a jugé «anecdotique» la décision de l'exécutif, tout en reconnaissant son «caractère historique», l'Etat admettant pour la première fois le «danger grave pour les gens» de l'épandage. «Je ne peux pas croire qu'aujourd'hui les lobbyistes soient plus forts que la santé de la population. C'est insultant pour les gens qui se battent depuis si longtemps», a pour sa part dénoncé le photographe Yann Arthus-Bertrand.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a défendu dimanche les distances choisies, fixées sur la base des recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Des «experts indépendants» du «lobby de l'agriculture», a défendu la ministre, avant d'assurer : «Ce ne sont pas les lobbys qui font la loi.» La distance minimale à respecter proposée est de dix mètres pour les «substances les plus dangereuses», selon un communiqué commun des ministères de la Transition écologique, de la Santé et de l'Agriculture. Pour les autres produits, elle sera de cinq mètres pour les cultures dites basses, comme les céréales, et de dix mètres pour les cultures hautes, comme les vignes. Bien loin des 150 mètres prévus par le maire de la commune bretonne de Langouët, Daniel Cueff, dont l'arrêté a été suspendu fin août par la justice.