Un sujet «extrêmement perturbant», dit l'un. «Eminemment difficile», abonde une autre. Voilà les députés pris de tournis, mercredi matin, deuxième jour de l'examen en commission du projet de loi bioéthique. Débat dans le débat autour de l'ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, question hautement sensible et délicate, l'autorisation de la PMA dite «post-mortem» concentre les dilemmes propres aux sujets bioéthiques : «Concilier ce qui est techniquement possible et éthiquement souhaitable», résume Aurore Bergé, coresponsable LREM sur le projet de loi.
Si le texte prévoit, dans son article premier, l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, la PMA post-mortem n'y figure pas. Il ne s'agit en aucun cas d'un oubli du gouvernement, a insisté lundi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en pointant les «risques pour la construction de l'enfant» et la possibilité de pressions familiales sur la veuve. Mais une quinzaine d'amendements, dont ceux du corapporteur (LREM) Jean-Louis Touraine, visaient à l'autoriser. Il est question de permettre l'insémination ou l'implantation d'un embryon à une femme, engagée avec son conjoint dans une démarche de PMA, après la mort de ce dernier. Jean-Louis Touraine proposait de demander, au début du parcours de PMA, le consentement en cas d'un éventuel décès et de fixer des bornes dans le temps.
Signe des avis très partagés et cas de conscience qui parcourent les députés : tous deux chefs de file LREM pour le texte, Guillaume Chiche s'y est dit favorable et Aurore Bergé opposée. Les députés réticents redoutent de «fabriquer un orphelin», «un enfant réparateur». Les députés LR, qui semblent, eux, sûrs de leur refus, avertissent sur «le poids que l'on fait porter à l'enfant». Les partisans de cette autorisation estiment de leur côté que l'ouverture de la PMA aux femmes seules change la donne et exige «une cohérence». Aujourd'hui, une femme sur le point de recourir à une PMA avant la disparition de son mari n'a d'autre choix que d'assister à la destruction des embryons, d'en faire don à la science ou à un autre couple.
Les amendements de Jean-Louis Touraine ont été rejetés d’extrême justesse mais le débat devrait se poursuivre lors du passage du texte dans l’hémicycle, fin septembre.