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Libération
Éditorial

Basta

publié le 12 septembre 2019 à 20h31

Le message a le mérite de la clarté : la bataille des retraites commence. Et ça démarre fort. La grève massive des agents de la RATP ce vendredi est sans précédent depuis 2007. Avec une dizaine de lignes de métro fermées et un trafic extrêmement perturbé sur les autres, tramways, bus ou RER compris, les syndicats de la régie des transports parisiens ont d'emblée mis la barre très haut. Le Premier ministre, Edouard Philippe, devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese), a confirmé jeudi la volonté du gouvernement de prendre son temps pour organiser «des consultations citoyennes» et entamer une concertation avec les partenaires sociaux. Les syndicats, eux, à l'exception de la CFDT, ont choisi de ne pas laisser au gouvernement le temps d'installer ce faux rythme. Autrement dit : l'acte II macronien, on n'y croit pas, le discours présidentiel tout miel, on n'y croit pas, touche pas à nos régimes spéciaux et basta. La grève XXL à la RATP présage-t-elle forcément d'un automne chaud chaud chaud pour le gouvernement sur le front des retraites ? Il est trop tôt pour le dire. Il faut attendre les mobilisations programmées la semaine prochaine (professions libérales) et surtout le 24 septembre à la SNCF, à l'appel notamment de la CGT, pour se faire une idée plus précise de la température sociale. Mais, alors que la fièvre des gilets jaunes est retombée, l'avertissement donné via ce «vendredi noir» pour les usagers des transports parisiens confirme une chose : l'acte II du quinquennat d'Emmanuel Macron signe un indéniable retour au réel. Régimes spéciaux, syndicats, grèves : ces mots qui devaient sonner très «ancien monde» pour l'exécutif il y a quelques mois s'imposent aujourd'hui à lui. Alors que Macron semble être revenu sur Terre en remisant son arrogance réformatrice - au risque de l'immobilisme qu'il a tant décrié chez ses prédécesseurs -, la grève de ce vendredi semble lui dire : «Trop tard !»