Pour une fois, l’expression «emploi du temps de ministre» prend toute sa justesse. Lorsque l’on regarde, ces jours-ci, l’agenda d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, on ne peut être qu’ahuri par la surchauffe de rendez-vous.
Prenons la journée de ce jeudi. Après une nuit courte (rentrée vers 2 heures du matin de l’Assemblée où est examiné en commission spéciale le projet de loi bioéthique, elle était de nouveau au ministère à 8 heures), Agnès Buzyn s’est rendue à 10 h au séminaire sur le plan d’amélioration de la qualité dans les SAMU, a assisté à 11 h au discours du Premier ministre relatif à la refondation de notre système de retraite au Conseil économique, social et environnemental (Cese), puis à 14 h 30 retour à l’examen en commission spéciale du projet de loi bioéthique à l’Assemblée nationale, et tout se poursuit à 21 h, toujours avec ce satané examen du projet de loi bioéthique. Sans compter les rendez-vous qui s’intercalent. Et vendredi, ce sera pareil – sans oublier qu’en ce début de semaine, s’était glissé le «plan de refondation des urgences».
A part être Sisyphe, ou chercher à battre un record de marathon, quel intérêt et surtout quelle efficacité peut-on avoir quand des rendez-vous aussi différents des autres se succèdent ? Comment passer d'un domaine à l'autre sans se perdre ? Comment impulser une politique quand on a à peine le temps de se plonger dans un dossier ? Et cela est d'autant plus criant qu'Agnès Buzyn a un petit cabinet, composé de faibles poids lourds. «On savait que la rentrée serait chargée», concède-t-on au ministère de la Santé. Et quid de la préparation en cours du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui arrivera après les deux semaines de débat parlementaire sur la bioéthique ?
La ministre a, bien sûr, toutes les qualités au monde. Et une résistance à toutes épreuves. Elle ne veut rien lâcher, au point de vouloir que le dossier des retraites reste sous autorité, en dépit de la nomination de Jean-Paul Delevoye comme haut-commissaire. Mais le risque est là : son domaine ministériel est démesuré. Pour ne garder qu’un exemple, on le voit sur les hôpitaux : ils mériteraient une prise en charge en continu. A force de tout étreindre…