Tout est parti d’une bagarre, mercredi soir à Sevran dans le quartier des Beaudottes, entre un médiateur et un policier. La scène, filmée, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. La vidéo montre un homme en habits civils et un autre en uniforme de police s’invectiver jusqu’à ce que le dernier s’attaque à son interlocuteur, tentant une prise au niveau des jambes. Lamine B. parvient à résister à son assaillant, lequel une fois relevé lui décoche un coup de poing. Le médiateur tente de calmer le jeu, esquissant un geste d’apaisement, avant de subir un nouvel assaut. Dès lors, les coups pleuvent. Il ne manque plus que le ring pour qualifier cette bagarre de rue de combat de boxe. La suite de la vidéo montre deux officiers rejoindre le conflit. L’un d’eux décoche un coup de taser. L’homme touché au postérieur s’effondre au sol et est maîtrisé. Blessé, il est conduit à l’hôpital Robert-Ballanger.
L'origine de la rixe reste à déterminer. Les témoignages recueillis sur place par Le Parisien divergent. Un riverain explique que Lamine B. avait arrêté sa voiture sur la chaussée pour saluer quelques adolescents. Selon les forces de l'ordre, le stationnement aurait gêné le trafic.
Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, s'exprimant le lendemain dans un communiqué, a ordonné la suspension du policier et a demandé «la saisine administrative de l'Inspection générale de la police nationale». Problème : cela ne relève pas de sa compétence. Depuis, la contestation monte dans les rangs de la police. Une centaine d'entre eux se sont rassemblé, le soir même jusqu'à minuit, devant le commissariat d'Aulnay-sous-Bois. En février 2017, des policiers issus de ce même commissariat avaient interpellé de façon musclée Théo Luhaka, le blessant grièvement avec une matraque télescopique. Le rassemblement visait à soutenir leur collègue «injustement mis à pied», selon un communiqué du syndicat Alliance police nationale. Ils regrettent «la précipitation et la méthode employée». «Notre administration ne peut, dans ce contexte particulièrement difficile pour les fonctionnaires de police, réagir aussi maladroitement.»
Le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan, examine actuellement la situation du policier dont la suspension n'est pas encore effective, le fonctionnaire, en arrêt maladie, n'ayant pas reçu la notification de la sanction. Le parquet de Bobigny a confirmé à Libération que le médiateur a porté plainte pour «violences par personne dépositaire de l'autorité publique», vendredi matin au commissariat de Saint-Denis par l'intermédiaire de son avocate. Une enquête a été ouverte et confiée à l'IGPN. Quant au policier mis en cause, il aurait également porté plainte pour «outrage».