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Libération

«France Soir» : rédaction en grève et salaires non payés

publié le 16 septembre 2019 à 20h26

Les journalistes de France Soir sont en grève, depuis le 30 août, pour cause de «forte dégradation [de leurs] conditions de travail et du dialogue social» au sein de leur entreprise. Leur principale revendication : l'application de la convention collective des journalistes, dont ils ne bénéficient pas, et des droits qui en découlent, comme le versement d'un treizième mois. Ils réclament aussi «des recrutements», «l'égalité salariale», et «l'arrêt des pressions sur les équipes», citant «des menaces récurrentes de licenciements ou de poursuites pour faute imaginaire».

La réponse du patron de France Soir, Xavier Azalbert, n'a pas été tendre. Selon l'un des membres de la rédaction, qui ne souhaite pas être cité, les salaires d'août ont d'abord été retenus puis payés à moitié le 10 septembre. Les dernières réunions, lors desquelles Azalbert aurait menacé de fermer l'entreprise si la grève continuait, n'ont rien donné.

Mis en liquidation judiciaire en 2012, France Soir a été repris en 2016 par Xavier Azalbert, entrepreneur dans les technologies financières, qui a transformé l'ex-quotidien en site d'info en continu, fonctionnant sept jours sur sept, de 7 à 21 heures. La rédaction comptait six journalistes jusqu'à cet été, lorsque deux d'entre eux ont démissionné, sans être remplacés.

«Ce n'est plus possible de travailler ainsi. Même avec toute la bonne volonté du monde… On s'est mis en grève parce qu'on n'avait plus le choix», indique notre source. Celle-ci fait remarquer qu'une augmentation de capital de 3,3 millions d'euros a été souscrite en décembre 2018 pour, indique le site du propriétaire, «renforcer les capitaux propres de la société, la désendetter, et mettre en œuvre le plan d'affaires visant à développer le média numérique et les sources de revenus complémentaires attendues au travers du lancement d'un produit nouveau».

Jeudi, dans un communiqué, les journalistes affirmaient que «l'absence de réponse, voire le refus de répondre, l'absence de contre-proposition aux revendications ne sauraient constituer un dialogue social normal que recherchent les salariés grévistes depuis le début. Il ne peut qu'interroger sur la volonté de la direction de trouver une sortie à cette crise». Sollicité, Xavier Azalbert n'a pas souhaité répondre à nos questions.

JÉRÔME LEFILLIÂTRE