Aigle Azur, la plus ancienne des compagnies aériennes françaises privées, a vécu. Le tribunal de commerce d'Evry (Essonne) a prononcé, ce lundi, la liquidation judiciaire de la société. Ce qui signifie qu'elle n'a plus d'existence. L'entreprise laisse derrière elle un passif estimé à 148 millions d'euros et surtout 1 150 salariés. Certes, des repreneurs ont manifesté leur intérêt pour une partie de l'activité et des équipes de la compagnie. Pour l'heure, le tribunal de commerce juge néanmoins que leurs propositions ne sont pas à la hauteur de la situation. Il leur donne donc quarante-huit heures, c'est-à-dire jusqu'à mercredi 18 septembre minuit, pour améliorer des offres qui en l'état «n'étaient pas satisfaisantes», selon les déclarations de Sonia Arrouas, la présidente du tribunal.
Le message s'adresse principalement à Air France et au groupe familial Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes. Tous deux font figure de favoris, depuis plusieurs jours, pour reprendre les lignes et les salariés d'Aigle Azur. Sans oublier les précieux créneaux de décollage et d'atterrissage d'Orly. Un aéroport saturé pour lequel aucun mouvement de vol supplémentaire n'est autorisé. Reste que le nombre de salariés et la manière dont ils seront repris font encore l'objet de débats. C'est pour essayer d'aplanir ces questions qu'un délai supplémentaire a été accordé. Raphaël Caccia, le secrétaire général de la branche transport aérien de la CFDT, compte bien le mettre à profit pour négocier non-stop avec les repreneurs. «Notre objectif est de parvenir à un accord de performance économique dans lequel seront fixés le nombre et les conditions de reclassement des salariés.» Il espère parvenir à la reprise de 600 ex-Aigle Azur sur les 800 localisés en France (350 emplois sont basés en Algérie).
Décision attendue le 27 septembre
Les offres de reprise améliorées seront ensuite examinées par un comité d’entreprise programmé vendredi 20 septembre qui formulera un avis, simplement consultatif. Enfin, le tribunal de commerce d’Evry se réunira, à nouveau, le lundi 23 septembre pour examiner les propositions revues et corrigées des repreneurs et auditionner leurs représentants. Le tribunal devrait rendre sa décision, toujours selon sa présidente, Sonia Arrouas, le vendredi 27 septembre. Cette date n’est pas le fruit du hasard. Aigle Azur n’a plus de trésorerie et les salaires de septembre doivent être réglés. En marge de cette décision, le montant élevé du passif, 148 millions d’euros, soulève pas mal de questions et une plainte pénale pourrait être déposée rapidement contre la gestion du dernier PDG en poste, Frantz Yvelin.
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La déconfiture d’Aigle Azur entraîne, en outre, de lourdes difficultés pour l’un de ses sous-traitants, chargé de la gestion des passagers et des bagages à Orly et à Marseille. Les sociétés OFS et OPS, qui emploient près de 200 salariés, se retrouvent sans activité et leur avenir est menacé. Un comité d’entreprise est programmé ce mardi afin d’évoquer la situation délicate de ces deux entreprises.