Menu
Libération
Municipales 2020

A Grenoble, la gauche déploie son «arc humaniste», la droite dans le dur

Le maire EE-LV Eric Piolle travaille à une large alliance dans le sillage de son élection en 2014. De son côté, LREM se positionne au centre gauche.
La mairie de Grenoble (Isère) en 2011. (JEAN-PIERRE CLATOT/Photo Jean-Pierre Clatot. AFP)
par François Carrel, correspondant à Grenoble
publié le 17 septembre 2019 à 20h06

Eric Piolle rempile. En 2014, il était devenu à la surprise générale le premier et le seul maire écologiste d'une grande ville française, à la tête d'une coalition constituée d'Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), du Parti de gauche (PG) et de mouvements citoyens. A 46 ans, le maire sortant veut poursuivre et «accélérer» le travail de cette majorité verte-rouge-citoyenne, qualifiée de «laboratoire grenoblois». D'où son appel à une union de gauche - un «arc humaniste» selon sa formule fétiche qui rappelle celle utilisée par Anne Hidalgo à Paris. L'édile grenoblois s'adresse autant aux manifestants de la Marche pour le climat qu'aux sympathisants de partis de gauche, socialistes compris. Et sa démarche visant une large alliance citoyenne semble porter ses fruits.

Jalon

En juillet, c'est le PCF local, qui gère trois grandes villes de la métropole grenobloise, qui avait appelé le premier à un grand rassemblement «pour combattre les forces réactionnaires et conservatrices», réclamant un «sursaut collectif». Dans la foulée, le parti vert avait expliqué que «l'appel du PCF à dépasser nos différences, dans le respect de nos histoires et identités» était «à la hauteur des enjeux». EE-LV «travaillera avec toutes celles et ceux qui voudront relever le défi», précisait EE-LV Isère. Un premier jalon était posé sur le chemin de l'union. Depuis, Génération·s, le mouvement fondé par Benoît Hamon, a assuré à son tour «son souhait de participer à la construction d'une future "maison commune"» à Grenoble. Et de contribuer à «l'écriture de cette nouvelle histoire de la gauche écologiste». Piolle ne veut brusquer personne et continue ses consultations avec chacune de ces formations. Acteurs clés de la majorité sortante, les membres du Parti de gauche s'engageront aussi dans la construction de la future coalition menée par Piolle.

On ne sait en revanche rien de la position officielle de La France insoumise, divisée localement. Depuis 2014, une partie des insoumis, des élus du Front de gauche et des membres du Parti de gauche isérois se sont désolidarisés de la majorité municipale, lui reprochant un déficit de démocratie et des renoncements programmatiques. Une liste positionnée à la gauche de la coalition menée par Piolle n’est donc pas à exclure en mars. Autre inconnue : la position de ce qu’il reste du Parti socialiste grenoblois, qui n’a toujours pas digéré d’avoir perdu la mairie en 2014 et qui campe dans une opposition totale à Eric Piolle au sein du conseil municipal. Pourtant, élus du rassemblement rouge-vert-citoyen, socialistes et communistes cogèrent l’agglo ensemble, sous la présidence de l’ex-socialiste Christophe Ferrari.

«Eco-dogmatique»

Désignée en juillet par La République en marche (LREM), Emilie Chalas s’est clairement positionnée sur le créneau du centre gauche et compte bien attirer à elle les électeurs socialistes en déshérence. LREM est arrivée en tête lors des européennes à Grenoble, avec 24 % des voix contre 22,4 % à la liste écolo emmenée par Yannick Jadot, mais la majorité présidentielle dispose en réalité d’assez peu de réserves de voix : les scores de la droite sont traditionnellement très faibles dans la cité alpine.

Ce dont l'ancien maire Alain Carignon, condamné en 1996 à une peine de prison pour corruption, semble ne pas se soucier. Après avoir très activement préparé sa candidature depuis plus d'un an, il l'a officialisée lundi, baptisant son collectif «Société civile», même s'il dispose du soutien d'une partie de l'appareil local du parti Les Républicains. A 70 ans, Carignon avance donc sans étiquette mais avec un ennemi déclaré : «l'éco-dogmatique» Eric Piolle.