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Grande-Synthe : préfecture et mairie s’accordent pour évacuer

Mardi, plus de 800 exilés ont été expulsés d’une salle que la commune du Nord avait réservée à l’accueil des migrants pour l’hiver 2018.
Grande Synthe, le 17 septembre 2019. Evacuation campement de migrants. L’évacuation commence. Les personnes sortent par petits groupes pour monter dans des bus (Aimee THIRION/Photo Aimée Thirion pour Libération)
publié le 17 septembre 2019 à 21h11

«C'est une bonne idée de partir ?» Mardi matin, près d'un millier d'exilés installés dans le gymnase de Grande-Synthe se préparent à partir vers des centres d'hébergement. Malgré les hésitations, tous monteront dans les bus pour éviter d'être conduits en centre de rétention.

En quelques heures, 811 personnes, des hommes seuls et des familles, en majorité des Kurdes irakiens ou des Iraniens, quittent le site. Depuis un mois, la vie ici était suspendue aux rumeurs autour de la date de cette évacuation, validée le 4 septembre par la justice, saisie par le nouveau maire (PS) Martial Beyaert. L’accueil temporaire autorisé par la ville devait seulement durer l’hiver.

Bras de fer. Pendant que des policiers bouclent un périmètre, Samir (1) cherche à savoir si lui et ses amis partiront ensemble. Un drone survole le campement. Le trentenaire lui adresse un doigt d'honneur et raconte son parcours : arrivé en France depuis quatre ans, il a vécu dans la région lyonnaise avant d'échouer à Grande-Synthe il y a quatre mois. Sa demande d'asile n'a pas abouti en France. Il est désormais candidat au passage en Angleterre. Sur le camp, les conditions précaires ont mis d'accord associatifs et autorités sur la nécessité d'évacuer l'endroit, tenu par les passeurs.

«On est plus proche d'une banlieue du Kurdistan irakien que de l'idée qu'on se fait de la France», estime le préfet Michel Lalande. Pour Martial Beyaert, «c'est une journée difficile». Elu en juillet, il succède à l'emblématique maire écolo Damien Carême, désormais eurodéputé. Son arrivée a mis fin au bras de fer entre la ville et la préfecture du Nord sur l'accueil des migrants. «J'ai confiance en la parole de l'Etat pour mettre ces personnes à l'abri», assume l'élu.

En milieu de matinée, deux bus se sont arrêtés sur l'A16. Des passagers auraient menacé de s'immoler en découvrant qu'ils partaient pour Brest. «Un incident mineur», commente la préfecture, sans en dire plus sur le contexte mais confirme cinq interpellations. En outre, onze personnes ont été arrêtées pendant l'évacuation.

Asile. Pour les autres, la préfecture du Nord promet «un accompagnement individuel». Ceux qui n'ont pas de démarche en cours pourront déposer une demande d'asile en France. Les Dublinés, dont les empreintes sont enregistrées ailleurs, seront renvoyés dans leur premier pays d'accueil chargé d'étudier leur demande, à quelques exceptions près choisies au cas par cas. «Ils ont payé leur passage, ils vont revenir, prédit Claire Millot, porte-parole de Salam. Ce site sera fermé et après ils seront dans la nature, chassés en permanence !»

(1) Le prénom a été modifié.