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Libération

Deux élues pointent l’état «catastrophique» de la psychiatrie

publié le 18 septembre 2019 à 20h06

Le sentiment d'un disque rayé. Deux députées viennent de publier un rapport sur la situation toujours aussi inquiétante de la psychiatrie. «Face à la prise en charge catastrophique» des patients, ils appellent à «sortir la psychiatrie de l'hôpital» en «redéployant 80 %» du personnel de cette filière «au bord de l'implosion» vers la ville «à l'horizon 2030».

L'analyse est déjà connue. Depuis vingt ans, la psychiatrie s'effondre petit à petit. «Retard au diagnostic beaucoup trop important», «suroccupation des lits» - représentant un «fléau pour les patients comme pour les soignants» -, recours croissant «à l'hospitalisation sans consentement»… L'organisation territoriale de la psychiatrie est «tout à la fois inefficiente et inefficace, cinglent Caroline Fiat (LFI) et Martine Wonner (LREM), rapporteures de cette mission d'information. Il est urgent de déployer des moyens importants sur les structures extra-hospitalières, qu'elles soient sanitaires, sociales ou médico-sociales.» Elles proposent la création d'une agence en charge des politiques de santé mentale sur le modèle de l'Institut national du cancer.

En réponse à cette crise, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a nommé en avril le professeur Frank Bellivier délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie. Depuis, il ne s'est pas passé grand-chose. Ce dernier a juste lancé fin juin «un tour de France des régions», qui se terminera en avril.

Au ministère de la Santé, on rappelle que le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2020 devrait amorcer la «refonte» du financement du secteur. Cette mesure pourra être importante mais elle ne répond pas aux très fortes attentes actuelles du milieu. Et ces derniers jours, plusieurs syndicats de psychiatres publics se sont joints au mouvement de grève des urgences.