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Libération

A Vaux-le-Vicomte, les châtelains séquestrés et détroussés

par Philippine Renon
publié le 19 septembre 2019 à 19h56

Entre 4 heures et 5 heures du matin, ce jeudi, un commando de six personnes s’est introduit dans une demeure pas tout à fait comme les autres. Le château de Vaux-le-Vicomte, en Seine-et-Marne, a été braqué. Ou plutôt les biens de ses propriétaires, Patrice et Cristina de Vogüé, âgés respectivement de 91 et 78 ans, qui possèdent depuis un demi-siècle la plus vaste propriété privée classée aux monuments de France. Mais visiblement pas la plus surveillée, puisqu’ils ont été délestés de 2 millions d’euros.

Les cambrioleurs ont pénétré dans les anciens communs : la partie privée, et donc habitée, du domaine, dans le nord-est du château. Semblant savoir ce qu'ils venaient chercher, les voleurs se sont dirigés vers la chambre des époux. Et ont fondu sur le coffre qui s'y trouve. Afin de réaliser leur larcin en toute quiétude, les malfaiteurs ont ligoté Patrice et Cristina de Vogüé. Immobilisés, les deux prisonniers ont fini par livrer la combinaison du coffre, ne peuvant plus que regarder les malfrats filer les poches pleines. Un trésor de «2 millions d'euros de bijoux et un peu d'argent liquide», précise le parquet de Melun à Libération. Aucun tableau, ni vaisselle, ou objet historique n'a été dérobé. N'ayant pas été blessés, les propriétaires ont refusé les soins des services de secours, a indiqué le parquet.

En 1967, lors de leur emménagement, les Vogüé avaient choisi de faire de cette bâtisse, offerte par le père de Patrice en l'honneur de son mariage avec Cristina, une entreprise florissante. Cela fait donc une cinquantaine d'années que les salons et jardins de ce monument francilien voient déambuler les touristes. Selon la volonté du couple, le château et son parc de 500 hectares sont ouverts au public plus de huit mois dans l'année. Une générosité accompagnée d'une surveillance adaptée ? Interrogé par Libération à ce sujet, le domaine de Vaux-le-Vicomte indique qu'il ne souhaite pas communiquer. L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Versailles qui, jeudi, était sur les lieux pour effectuer des constatations. Malgré cela, le château est resté ouvert à la visite. Et le sera pour les journées du patrimoine. Construit en 1661 pour Nicolas Fouquet, ministre des Finances de Louis XIV, Vaux-le-Vicomte continue de traverser les siècles et les péripéties.

PHILIPPINE Renon