Après bien des vicissitudes parlementaires et politiques, la métropole du Grand Paris a vu le jour le 1er janvier 2016 avec, en toile de fond, les déséquilibres territoriaux de la région capitale et, idéalement, l'ambition de les réduire. Deux semaines plus tard, les Hauts-de-Seine et les Yvelines, les deux collectivités les plus riches de l'Ile-de-France après Paris, annonçaient qu'elles allaient fusionner. Sans souci de la limite métropolitaine qui passe pile entre les deux départements, au contraire, les deux créatifs territoriaux, Patrick Devedjian, président des Hauts-de-Seine, et Pierre Bédier, son homologue des Yvelines, tous deux LR, ont la mine ravie de ceux qui ont trouvé le moyen de faire éclater la métropole comme un coin enfoncé dans une bûche.
Au début, tout le monde rigole. A quoi ils jouent, ces deux-là ? Jamais l’Etat ne laissera faire ça, ils vont se calmer, c’est de la politique politicienne, etc. De fait, les «fusionneurs» n’obtiennent pas le feu vert qui validerait leur initiative. Mais loin de se fatiguer, ils créent un établissement public interdépartemental, font voter les deux assemblées sur une délibération unique, entreprennent de mutualiser un maximum de services, mettent en avant les économies que cela leur fait réaliser et, pour se refaire une vertu, créent un fonds d’investissement de 150 millions d’euros destiné à aider les cinq autres départements de la région, hors Paris évidemment.
«Guignolade»
Chiffres en mains, les directeurs généraux des services des deux collectivités sont allés ces derniers mois démontrer l’avancement de l’initiative dans les cabinets des ministres concernés par les collectivités. Le fait accompli arriverait-il enfin à s’imposer ? Si on l’aide un peu, qui sait… Depuis juillet, deux rumeurs successives ont assuré que l’Elysée validait la fusion. La dernière mercredi. Or, à chaque fois, qui dément ? Un second couteau du gouvernement.
«C'est Emmanuel Macron qui devrait taper du poing sur la table pour arrêter cette guignolade !» a vitupéré Jean-Yves Le Bouillonnec, l'un des pionniers du Grand Paris mercredi lors d'un colloque. On voit bien pourquoi Patrick Devedjian veut cette fusion : c'est son assurance vie contre tout projet de suppression des départements de la première couronne, comme Emmanuel Macron a pu les exprimer. Mais pourquoi le Président lui ferait-il cette faveur ? Les accords électoraux des municipales et des départementales nous le diront. Bienvenue dans le tout petit Paris.