L’été est bel et bien fini. Revoici, pour la saison deux, les arrêtés d’interdiction de manifester, les blindés de la gendarmerie – dits VBRG –, les unités rapides à moto, les canons à eau. Oui, les gilets jaunes sont de retour, et entendent bien montrer que le mouvement comme ses revendications ne sont pas morts.
Pour cet acte 45, uniquement parisien, les autorités craignent un réveil salé. Depuis plusieurs jours, les synthèses du renseignement accouchent de perspectives inquiétantes. Une note de la DRPP, citée par le Point, annonce par exemple la venue «de 100 à 200 militants antiétatiques, avec l'objectif de créer une situation insurrectionnelle». Il faut dire que l'agenda des cortèges affiche complet avec, simultanément, des défilés pour le climat et contre la réforme des retraites. Ce panorama galvanise les gilets jaunes, résolus à enclencher la fameuse «convergence des luttes». «On aimerait initier des passerelles pour faire redoubler la contestation, témoigne l'un d'eux auprès de Libération. Le gouvernement Macron écrase les petits. Sa politique de casse sociale et de casse climatique, notamment via le Ceta [l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, ndlr] est un scandale. On doit tous s'unir pour contrer cette mondialisation pourrie dont plus personne ne veut.»
Huit secteurs interdits
Vendredi, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a égrainé l’imposant dispositif mis en place pour éviter les débordements. Près de 7 500 policiers seront déployés dans la capitale. En outre, les autorités ont pris un arrêté interdisant tout rassemblement dans huit secteurs : les Champs-Elysées et ses rues adjacentes, Assemblée nationale, Matignon, Trocadéro-Tour Eiffel, Sénat, Notre-Dame, ainsi que les bois de Vincennes et de Boulogne, identifiés comme des zones de repli, voire des caches d’armes potentielles.
Autour du palais présidentiel, un arrêté encore plus coercitif, pris en vertu du code de la sécurité intérieure, permettra de procéder à des fouilles minutieuses. C'est dire si, par son ampleur, ce dispositif rappelle ceux mis en place en décembre dernier, lors des manifestations les plus dures du mouvement. Lors de sa conférence de presse, vendredi, Didier Lallement a invité les organisateurs de cortèges déclarés (retraites et climat) «à empêcher les fauteurs de troubles de salir leurs causes». Et a prévenu : «ceux qui manifestement veulent prendre des revanches sur je ne sais quelle journée […] nous ne lâcherons rien, nous serons là.» Pour l'occasion, les pompiers de Paris rôderont eux aussi un dispositif ambitieux et mobile : des motos sillonneront les rues pour réagir plus vite en cas de départs de feu.
On l'oublierait presque, mais ce week-end est aussi marqué par les journées du patrimoine. Par anticipation, de nombreux sites envisagent des visites sur pré-réservation. L'Arc-de-Triomphe, lui, sera cadenassé à triple tour. Les assoiffés de culture risquent de surtout admirer les plus beaux uniformes du maintien de l'ordre.