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Libération

PMA pour toutes : le RN avance en ordre dispersé

publié le 22 septembre 2019 à 20h56

Manifestera, manifestera pas… Sur la question de la PMA pour toutes, le RN est à l'image de son électorat : tiraillé. Le parti s'est certes exprimé d'une seule voix contre l'élargissement de la procréation médicalement assistée, discuté à l'Assemblée à compter de mardi, «au nom du droit de l'enfant à avoir à la fois un père et une mère». Il prône par ailleurs un référendum sur la question. Mais ses cadres avancent, eux, en ordre dispersé concernant la manifestation du 6 octobre, lancée par la Manif pour tous, contre cette mesure phare de la loi bioéthique. Le vice-président du RN, Jordan Bardella, avait prévenu que la formation laisserait «la liberté à ceux qui souhaitent s'y rendre de [le faire]», indiquant que, lui, n'irait pas car «le débat doit avoir lieu à l'Assemblée».

Mais son choix n'a pas été suivi par tous : les eurodéputés Gilbert Collard et Nicolas Bay descendront dans la rue, de même que - plus surprenant - l'élu des Pyrénées-Orientales Louis Aliot. Au RN, on insiste sur le fait qu'il s'agit là de «démarches individuelles». En réalité, le but est surtout de ne pas laisser la droite «hors les murs» occuper seule le créneau - tout en essayant de ne froisser personne. Mais l'ex-députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen et la députée de l'Hérault Emmanuelle Ménard, qui ont moins besoin d'avancer masquées, ne se sont pas fait prier pour annoncer leur présence.

«Toute la stratégie pour les cadres du RN va être d'éviter que, ce jour-là, on ne voie que cette droite [conservatrice], qui a aussi prévu de se réunir [samedi] autour de Marion Maréchal-Le Pen [à la Convention de la droite, à Paris, ndlr] et qui va déjà bénéficier de ce moment médiatique», analyse Jean-Yves Camus, spécialiste des droites radicales. Ce n'est pas un hasard si Louis Aliot, par ailleurs candidat à la mairie de Perpignan, a déjà annoncé qu'il voterait contre le texte. Ce qui n'est pas le cas de tous : le député du Nord Sébastien Chenu a ainsi dit qu'il ne voterait pas le projet et ne manifesterait pas.

Interrogée le week-end dernier en marge de l'université d'été du RN à Fréjus, Marine Le Pen a dit qu'elle resterait aussi chez elle, non pas par «considération morale, car je ne pense pas que deux femmes ne peuvent pas élever un enfant, mais [car] il s'agit de la disparition de l'existence de la réalité biologique. Donc, en l'état, je suis opposée à la PMA telle qu'elle est proposée».

Cette réponse toute en compromission pourrait étonner mais la présidente du RN se sait dans une situation délicate. Si plus de deux tiers des Français se déclarent en faveur de la PMA pour toutes, les chiffres fondent quand on regarde à droite de l’échiquier. Les sympathisants LR, qui étaient plus de 60 % il y a un an à soutenir la PMA pour toutes, ne sont plus que 32 % à présent. Marine Le Pen agite donc l’épouvantail de la GPA, sujet beaucoup moins clivant à droite et vu comme la suite logique du mariage pour tous et de la PMA, pour s’opposer au texte et flatter cet électorat, sans se trouver à rebours du reste de la société.