Ce n'est pas le niveau espéré au début du quinquennat par Emmanuel Macron, mais c'est, se félicite-t-on à Bercy, «le plus faible» déficit public présenté par la France «depuis 2001». Mais une bataille de chiffres devrait rapidement s'engager entre le gouvernement et l'opposition. A l'image de Darmanin, la majorité affichera sans doute une «baisse de 20 milliards d'euros» par rapport à ce qui avait été prévu pour 2019. Certes, mais cette (lourde) somme correspond en réalité au caractère exceptionnel d'aides aux entreprises cette année : le versement du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) au titre de 2018 et la baisse pérenne de cotisations qui leur a été accordée. Avec cette mesure qualifiée l'an passée par Bercy d'«exceptionnelle», le déficit public est prévu cette année à 3,1 %. Sans elle, à 2,2 % ou 2,3 %. Pour financer ses choix fiscaux et maintenir un taux de croissance convenable, l'exécutif en passe donc par l'arme budgétaire. Difficile à assumer pour des ministres issus de la droite et qui n'ont cessé de réclamer, dans l'opposition, plus d'efforts dans la réduction du déficit ? «La politique monétaire est nécessaire mais plus suffisante. Elle doit être complétée par une politique budgétaire volontariste, fondée sur plus d'investissements», argumente le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. «Beaucoup d'experts sont convaincus que, compte tenu des taux bas, il faut en passer par la politique budgétaire pour maintenir l'activité, abonde Jean-Noël Barrot, député Modem et vice-président de la commission des finances. Après, repasser les 3 %, ce serait la honte !» A moins d'une nouvelle crise sociale ou économique, il y a peu de chances…
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