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Libération

Corse : Talamoni dénonce des «dérives mafieuses»

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publié le 26 septembre 2019 à 20h41

Une première. Le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a dénoncé jeudi des «dérives […] de nature mafieuse» sur l'île, où les derniers mois ont été marqués par un regain de violence. «Ces drames, ces deuils et cette situation trouble que connaît la Corse ne constituent pas un fait nouveau puisque depuis des années, nous voyons s'installer un système qu'il faut bien appeler par son nom», a déclaré Talamoni, en langue corse, lors de la session de rentrée de cette assemblée, au lendemain de la publication d'un appel à dire «non à la mafia» signé par une vingtaine de personnalités de l'île.

«La mafia, ce n'est pas seulement le banditisme organisé. Deux autres éléments sont nécessaires pour la caractériser : le lien avec l'économie et celui avec la politique», a-t-il poursuivi, dénonçant notamment «la pression qui pèse» sur certains élus. Mercredi, une vingtaine de personnalités corses, dont le prix Goncourt Jérôme Ferrari, mais aussi un ex-dirigeant du FLNC, des chanteurs ou des entrepreneurs, avaient lancé un appel pour dénoncer une «emprise mafieuse d'une intensité jamais atteinte» dans l'histoire de l'île. «Nous ne pouvons pas fermer les yeux et nous ne pouvons pas rester silencieux», a poursuivi Talamoni. «Bien sûr, nous ne disposons pas ici de tous les moyens pour changer les choses, en particulier des moyens de police et de justice», a-t-il ajouté.

«L'Etat, en charge de ce domaine, se trouve face au résultat de ses échecs et de sa politique. Durant quatre décennies, son seul objectif a été d'arrêter les nationalistes corses et il a laissé le banditisme s'organiser en toute liberté», a-t-il accusé, faisant porter le chapeau à l'Etat. Entre explosions ou incendies visant des résidences, des restaurants ou des grandes surfaces, charges explosives découvertes devant des trésoreries au printemps, et déjà dix homicides commis depuis le début de l'année, les derniers mois ont été marqués par de nombreux actes de violence. Dernier événement en date : dans la nuit de mercredi à jeudi, des coups de feu ont été tirés sur un parking à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), sans faire de blessé.