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Libération

L’homme de clan

par A.G.
publié le 26 septembre 2019 à 19h11

L’homme de clan

Les journalistes étrangers aiment ironiser sur la monarchie républicaine et familiale française. Difficile de leur donner tort. Pour un Chirac élu, ils sont trois à régner : Jacques, Bernadette et Claude. Sa femme vibrionne à travers ses actions caritatives, s’affiche avec les people et joue les fausses iconoclastes… sans rater la messe ou les sorties contre le Pacs. Ce qui permet d’humaniser la famille, de consolider les liens avec la droite traditionnelle tout en draguant une droite plus décalée. Conseillère en com, la fille, Claude, ne croit qu’au pouvoir de l’image. Elle a transformé l’Elysée en bunker et instauré autour de son père un cordon sanitaire avec la presse. Pas un détail de la mise en scène présidentielle ne lui échappe.

Au-delà de ce noyau dur, le clan Chirac ne s’élargit guère. Le Président a tellement tué d’adversaires potentiels qu’il a peu de vrais amis et ne fait confiance à presque personne. Certes, il a ses visiteurs réguliers. Des vieux grognards de la chiraquie comme Jean-Louis Debré ou Pierre Mazeaud. Il y a aussi le gendre idéal, François Baroin. Plus homme de main qu’homme de confiance, Dominique de Villepin occupe une place singulière dans le clan. Contre Jospin en son temps, George Bush ou Nicolas Sarkozy, il fournit des solutions, échafaude des plans d’attaque et se charge parfois lui-même de la besogne. Deux vieux conseillers du Président sont également consultés pour les grandes décisions : Jérôme Monod, ancien grand patron, et Maurice Ulrich, ex-PDG d’Antenne 2. Enfin, un homme, Alain Juppé, occupe une place à part. C’est peu de dire que son influence a été proprement énorme depuis une vingtaine d’années. Artisan de la victoire de 1995 puis de 2002, c’est lui qui a décidé de mettre Jean-Pierre Raffarin à Matignon et a eu la haute main sur la constitution de ses gouvernements.

A.G.