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Libération

Le Père et Marri

publié le 26 septembre 2019 à 19h11

Le Père et Marri

Il suffit d'imaginer un turban et un rien de rouge à lèvres. Et hop ! le tour est joué et la ressemblance saisissante : Jacques Chirac, c'est la résurrection de la regrettée Alice Sapritch dont il a le style ou, à tout le moins, les yeux. Cette sorte de prunelle flottante dont on ne sait jamais si elle est un début de stupeur ; la suite logique d'une absorption intensive de boissons viriles au Salon de l'agriculture ; ou la fin des haricots (genre : «Si PPDA continue à me poser des questions abracadabrantesques, 14 Juillet ou pas, je le baffe sévère !»). A moins que ce regard flou ne soit le troisième œil, non pas tant celui de la sagesse que celui de Claude, qui veille à ce que la cravate de son papa soit toujours parfaitement nouée. Auquel cas, le style ne serait pas l'homme mais la fille. A qui on doit, semble-t-il, que le Président ait réformé les sacs-poubelles qui lui tenaient lieu de costumes, qu'à la plage il porte un bermuda, certes imprimé de petits Mickey, mais qui vaut tout de même mieux que d'aller cul nu à Brégançon, que les caméras soient toujours à la bonne place, c'est-à-dire de face pour un effet lifting cathodique garanti, et les journalistes à la leur, le moins près possible. La fille tient cet art de la mise à l'écart de maman Bernadette. C'est pourtant dans ce registre de la distance qu'on sent que Chirac s'est fait le plus violence, lui qu'il fallait retenir par l'élastique dès que l'occasion se présentait d'aller embrasser n'importe quoi sur les deux joues.

Gérard Lefort