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Libération

Le Tueur

publié le 26 septembre 2019 à 19h11

Le Tueur

Il a eu des rivaux, des fils spirituels et des jeunes ambitieux pressés de lui mordre les mollets. De tous ceux-là, il ne reste plus que Nicolas Sarkozy, ou presque. Jacques Chirac a réussi à faire le vide dans la droite française. Les concurrents, vieux ou jeunes, ont été éliminés, laminés, étouffés. Valéry Giscard d'Estaing, avec lequel Chirac constitua longtemps le couple infernal de «Plic» et «Ploc», a fini par renoncer à l'Elysée. Edouard Balladur a mis fin à ses ambitions au soir de sa défaite au premier tour, en 1995. Avant lui, Raymond Barre avait aussi jeté l'éponge. La génération suivante n'a pas eu plus de chance. Alain Juppé, né en 1945, a longtemps été plombé pour avoir plongé les mains dans le cambouis du système chiraquien. Quant à François Léotard (1942), (auto)désigné comme jeune espoir de la droite, il a pris sa retraite la soixantaine venue. La liste est longue de ces morts vivants du post-gaullisme, de Charles Pasqua à Alain Madelin, Philippe de Villiers ou l'éphémère bande des «rénovateurs» de 1989. Certes, il n'est pas le seul artisan de leur chute, mais Chirac est resté le maître incontesté du maniement de la chausse-trappe et de l'art du croc-en-jambe, jouant des faiblesses de l'un, des erreurs de l'autre.Nicole Gauthier