De profundis. Après trois semaines de valse incertitude, la compagnie Aigle Azur met définitivement la clef sous la porte, ce vendredi soir à minuit. Le tribunal de commerce d'Evry a rendu un jugement en ce sens, en considérant qu'aucune des deux offres de reprise encore en lice n'était pérenne. Une décision pas vraiment surprenante dans la mesure où le procureur auprès du tribunal de commerce était favorable à la liquidation, tout comme l'administrateur judiciaire chargé de la gestion quotidienne d'Aigle Azur depuis le dépôt de bilan de l'entreprise, le 7 septembre.
La première conséquence de cette liquidation judiciaire va être le licenciement des 1 150 salariés de la compagnie. Ils pourraient d’ailleurs ne pas être les seuls à perdre leur emploi. Un sous-traitant chargé de l’assistance, dans les aéroports, pourrait également être contraint de supprimer près de 200 emplois du fait de l’arrêt d’activité d’Aigle Azur.
Air France dit niet
Le sort de la compagnie, spécialisée dans la desserte de l’Algérie, a de fait été scellé quand Air France et le groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, ont décidé de retirer leur offre de reprise il y a dix jours. Seuls ces deux candidats avaient la surface financière et le savoir-faire nécessaire pour reprendre et rendre viable Aigle Azur. Il semblerait qu’ils aient finalement renoncé devant l’ampleur du passif, près de 150 millions d’euros et les difficultés de reclassement des salariés d’Aigle Azur, notamment les pilotes, aussi bien chez Air France que chez Air Caraïbes.
Cette issue est également un coup dur pour le nouveau secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, qui s’est beaucoup investi sur ce dossier. Il pourrait, en outre, être confronté à une autre déconvenue du même type avec la compagnie XL Airways, 600 salariés, placée en redressement judiciaire cette semaine. Elle aussi, notamment par la voix de son dirigeant, Laurent Magnin, espérait une hypothétique reprise par Air France. Là aussi, le PDG de la compagnie nationale, Ben Smith, a dit niet.
Le paysage aérien français pourrait donc se retrouver avec deux transporteurs de moins. La liquidation d’Aigle Azur remet en outre sur le marché 10 000 (très convoités) créneaux horaires de décollage et d’atterrissage à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne). Air France et un certain nombre de compagnies concurrentes sont désormais candidates pour en récupérer le maximum.