La «transparence totale», seule solution pour répondre à «l'inquiétude légitime des populations» : dimanche, le Premier ministre a promis de rendre publiques toutes les analyses de la pollution engendrée par l'incendie de l'usine chimique Lubrizol de Rouen alors que l'inquiétude était toujours de mise en Normandie, et jusque dans les Hauts-de-France. Samedi, au cours d'une conférence de presse fleuve - une heure trente -, le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, avait présenté les résultats de différentes analyses, dont celles très attendues concernant une éventuelle pollution atmosphérique. Il avait évoqué «une situation normale» de la qualité de l'air, sauf sur le site de Lubrizol (présence de benzène), tout en rappelant plusieurs décisions concernant l'agriculture, notamment «un gel» des récoltes, appliquant le principe de précaution. Le préfet avait aussi assuré que les analyses seraient publiées sur le site de la préfecture. Chose faite dans la soirée, avec pas moins de quatre communiqués et la publication de données parfois absconses, comme «les résultats d'analyse des gaz prélevés sur canisters». Car plus de trois jours après l'incendie spectaculaire de cette usine classée Seveso «seuil haut» implantée à 3 kilomètres de la cathédrale de Rouen, les images de l'incendie et de l'impressionnant nuage noir sont encore dans toutes les têtes, les gens s'interrogeant sur les conséquences sanitaires et environnementales.
Les services de l'Etat disposent-ils en outre des outils nécessaires pour évaluer avec assez de précision l'impact de cette pollution ? Des témoignages font état de suie, probablement issue du nuage noir, dans l'Aisne, l'Oise et même à Lille, conduisant l'Agence régionale de santé des Hauts-de-France à demander aux habitants de signaler aux différents services «la présence de retombées sous forme de suie». Dès samedi, plusieurs syndicats, dont la CGT et Solidaires, mais aussi des associations (Greenpeace, France Nature Environnement) avaient appelé à manifester mardi devant le palais de justice de Rouen, regrettant que «la liste des produits qui ont brûlé n'ait pas été communiquée». Dans la foulée, plusieurs députés de gauche ont réclamé une commission d'enquête parlementaire.