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Libération
Récit

Chirac : ultimes hommages du gotha politique

Ex-présidents, chefs d’Etat étrangers et leaders de partis ont assisté lundi à la cérémonie dans l’église Saint-Sulpice pour les derniers égards officiels.
A l’église Saint-Sulpice, lundi à Paris, lors des obsèques de Jacques Chirac.  (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 30 septembre 2019 à 20h26

Quand ils se sont égaillés sur le parvis de l’église Saint-Sulpice, les invités de l’«hommage solennel» à Jacques Chirac affichaient des mines apaisées, comme si la «bienveillance» de l’ex-président, célébrée depuis trois jours par ceux qui l’ont connu, était devenue contagieuse. Après la cérémonie religieuse, on verra même, geste improbable et quasi miraculeux, Emmanuel Macron embrasser son prédécesseur, François Hollande, dans la cour de l’Elysée ! A peine deux heures plus tôt, alors qu’ils prenaient place au premier rang dans la nef, leur poignée de main était pourtant remarquablement glaciale.

Premiers à sortir de l'église tandis que résonnait le glas funèbre, la fille et le petit-fils du président défunt, Claude et Martin Chirac, ont remercié d'un geste la petite foule qui applaudissait le cercueil, porté par les officiers qui avaient assuré la sécurité du président Chirac à l'Elysée. Quelques centaines de personnes avaient été autorisées à se rassembler sur le parvis. Elles étaient bien plus nombreuses dans les rues adjacentes du VIe arrondissement, maintenues à distance par un impressionnant service de sécurité, déployé pour assurer la protection des quelque 80 personnalités étrangères, chefs d'Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de famille royales. Ce lundi n'était plus jour d'hommage populaire. Organisé la veille, ce dernier a pris des proportions inédites : une foule impressionnante - près de 7 000 personnes selon l'Elysée - a défilé toute la journée et une partie de la nuit devant le cercueil installé dans la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides.

«C'était un président incroyable», répétait Bill Clinton aux caméras massées devant l'église. Applaudi par la foule, l'ancien président américain était manifestement ravi d'être là. Beaucoup plus discret, le président russe, Vladimir Poutine, était, lui, entré dans Saint-Sulpice par une porte latérale. Presque tous les responsables de la vie politique française de ces quarante dernières années, de droite comme de gauche, étaient au rendez-vous, derrière les ex-présidents Giscard-d'Estaing, Sarkozy et Hollande, installés aux premiers rangs, avec Emmanuel Macron au côté de la famille Chirac. Seuls manquaient à l'appel le Rassemblement national et La France insoumise. Les Chirac avaient fait savoir que les premiers étaient indésirables. De son côté, Jean-Luc Mélenchon a choisi d'honorer la mémoire de Chirac non pas à l'église mais à la «cérémonie laïque» organisée lundi après-midi à l'Assemblée. L'eurodéputé Yannick Jadot, lui, était à Saint-Sulpice, évoquant un Président qui fut capable, contre l'avis de ses conseillers, de donner raison à Greenpeace quand il a interdit les importations de bois du Liberia. L'émotion qui étreint la France ? Jadot y voit «une nostalgie de l'empathie». Mais quand l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a célébré dans son homélie l'humanité d'un Chirac pénétré d'un «véritable amour des gens», ce sont les images de l'évacuation brutale des sans-papiers de l'église Saint-Bernard, en août 1996, qui lui sont revenues en mémoire.