L'Office national des forêts contre les défenseurs de la cause animale… Alors que les incidents se multiplient dans l'Oise entre chasseurs et antispécistes, l'ONF poursuit trois militants en justice pour avoir fait «entrave au droit de chasse» sur son domaine. Trois membres du collectif Abolissons la vénerie aujourd'hui (AVA) sont convoqués ce mardi devant le tribunal de grande instance de Compiègne pour avoir «violé de manière grave la propriété forestière de l'Etat». L'établissement public leur réclame 38 000 euros pour avoir troublé le bail passé entre l'ONF et deux sociétés de chasse du département, la Futaie des amis et l'Equipage de Rivecourt.
«A partir du moment où les chasseurs ne peuvent plus jouir pleinement de leur bail, j'estime que les responsables de ces troubles doivent payer de leur poche», avance l'avocat de l'ONF. L'an dernier, l'établissement a déjà remboursé 10 000 euros aux chasseurs au titre du préjudice subi. Une somme bien inférieure au montant des baux, selon les chasseurs, qui ont encouragé l'ONF à se retourner contre les militants d'AVA, principaux responsables, selon eux, des incidents en forêt.
«Les accusations ne tiennent pas la route, fustige l'avocat des prévenus, Jean-Robert Nguyen Phung. C'est comme si vous convoquiez les représentants publics des gilets jaunes pour les dégâts causés à l'Arc de triomphe.» Dans l'acte d'assignation, les trois militants sont ainsi désignés comme les «meneurs» du groupe pour avoir déclaré une manifestation au nom du collectif, l'an dernier. «Vous ne pouvez pas choisir trois personnes au hasard, au titre qu'ils auraient déclaré une manifestation à la préfecture, cela n'a ni queue ni tête», poursuit leur avocat.
«Ils veulent décapiter le mouvement», s'indigne Stanislas Broniszewski, l'un des trois prévenus et membre revendiqué d'AVA - les deux autres ayant quitté le mouvement.
Avec près de 700 bénévoles, et neuf antennes en France, le collectif milite pour l'interdiction de la chasse à courre. Lors de la dernière saison, il a recensé une vingtaine d'incidents avec les chasseurs. Des rencontres souvent tendues, aboutissant parfois à des dépôts de plainte. «Dès qu'on s'approche un peu trop, ils viennent sur nous, ils essaient d'arracher nos caméras, décrit Stanislas Bronisweski. Nous savions que s'attaquer à la chasse dans des villes comme Compiègne, Senlis ou Rambouillet, c'était se jeter dans la gueule du loup, mais pas à ce point…» De leur coté les chasseurs dénoncent des militants «hostiles» et «virulents» qui «n'hésitent pas à effrayer les chiens, les chevaux».