Menu
Libération
Interview

Retraites : «Les Français ne doivent plus avoir peur d'investir»

Le nouveau plan épargne retraite créé par la loi Pacte de l'an dernier est disponible partir de mardi. Député Modem, Jean-Noël Barrot défend une mesure de «pouvoir d'achat» pour les futurs retraités.
(Photo Pascal Pavani. AFP)
publié le 30 septembre 2019 à 17h17

Issu de la loi Pacte adoptée l'an dernier, le nouveau plan épargne retraite (PER) entre en vigueur mardi. Un nouvel outil bancaire pensé par la majorité pour, à la fois, inciter les Français à placer leur argent ailleurs que sur leur Livret A mais aussi faciliter la capitalisation, avant même la réforme des retraites de Jean-Paul Delevoye. Rapporteur de cette partie du texte de loi, le député Modem des Yvelines Jean-Noël Barrot défend une mesure destinée à «accompagner les Français à mettre un peu plus de côté pour leur retraite».

Qu’est-ce que ce nouveau plan épargne retraite va changer ?

Les particuliers vont disposer d’un produit d’épargne attractif pour la préparation de leur retraite. Il y aura à la fois une portabilité du portefeuille dans les entreprises dans lesquelles on va travailler tout au long de sa vie professionnelle, une transférabilité absolue. C’est-à-dire que l’on pourra aller voir un autre gestionnaire si on n’est pas satisfait de celui qu’on avait choisi, la garantie de frais faibles et la liberté, lorsque arrive la retraite, de retirer ces sommes sous la forme d’un capital ou d’une rente. Jusqu’ici, il y avait une multitude de produits très rigides. Ce sera beaucoup plus attractif.

L’idée consiste à convaincre les Français d’épargner autrement qu’avec le seul Livret A ?

Oui. Et qu’ils choisissent, lorsqu’ils épargnent sur le long terme, autre chose que les assurances vie eurocroissance qui ne sont pas le meilleur outil pour valoriser le revenu de leur travail. Les Français doivent pouvoir mettre de côté pour arriver à la retraite avec un complément de revenu réellement substantiel. Ils ne doivent plus avoir peur d’investir sur le long terme.

Mais n’y a-t-il pas le risque, en cas de nouvelle crise économique, de perdre cette épargne mise de côté pour la retraite ?

Non. L'épargnant sera libre de choisir : il pourra investir dans des placements très peu risqués et moins rémunérateurs, plus risqués mais plus rémunérateurs, ou encore choisir que son argent finance des entreprises de l'économie sociale et solidaire ou des investissements verts. Par défaut, la gestion sera «pilotée» : c'est-à-dire que les investissements réalisés seront un peu plus risqués quand on est éloigné de la retraite et très peu risqués lorsqu'on s'en rapproche. Mais lorsque l'on place une petite partie de ses revenus sur du long terme, on peut les laisser prospérer sur dix ou vingt ans sans risque.

Concrètement, combien cela pourrait rapporter à un retraité ?

Difficile de le prédire. Mais selon les études que nous avons faites, si on avait placé un euro en 1976 et qu’on l’avait laissé prospérer pendant quarante ans, on en aurait sorti : 5 euros avec un Livret A, 9 euros sur une assurance vie, 60 euros dans l’immobilier et 100 euros avec des actions. Le rendement du plan épargne retraite dépendra de votre profil et de vos choix. Nous avons également simulé le patrimoine d’une personne au revenu médian (1 700 euros) entre 1996 et 2015. Si elle avait mis de côté chaque mois 2% de son revenu (soit 35 euros) sur son plan épargne retraite, elle aurait obtenu 19 000 euros avec des actions contre 12 000 euros sur son Livret A. Le PER sera forcément plus dynamique que l’épargne classique.

La majorité, avant même la future réforme des retraites, encourage-t-elle la capitalisation ?

Le socle de notre système restera la répartition. Nous souhaitons la préserver à tout prix. Mais nous avons constaté, dans les enquêtes d’opinion, que les Français à la retraite regrettent de ne pas avoir mis davantage de côté pour partir à la retraite. On a toujours envie de décaler le moment où il faut se jeter dans l’eau froide. Avec ce nouveau PER, nous avons donc voulu créer un produit d’épargne pour accompagner les Français à mettre un peu plus de côté pour leur retraite. Ce sera aussi un outil de dialogue social : on peut ouvrir un PER de manière individuelle dans une banque mais les entreprises, aussi, peuvent en ouvrir pour leurs salariés. Les versements permettront à l’entreprise de bénéficier d’une déduction fiscale et ce sera un vrai complément de revenus pour renforcer le pouvoir d’achat de leurs salariés avant la retraite.