A dix jours de l'élection du prochain président de LR, Eric Zemmour va-t-il réussir à semer la zizanie dans les rangs ? Deux députés, tous deux candidats à la présidence du parti, Julien Aubert et Guillaume Larrivé, ont signifié jeudi par tweets leur soutien au polémiste d'extrême droite. Le matin, des amis de Zemmour avaient manifesté devant le Figaro, où ce dernier officie, ce qui n'a pas empêché RTL de l'écarter de son antenne dans l'après-midi. Erik Tegnér, ex-candidat à la présidence des jeunes LR et organisateurs de la «convention de la droite» qui s'est tenue samedi à Paris, a par ailleurs contacté Julien Aubert pour lui demander de signer la pétition de soutien au polémiste. Une initiative prise après l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête pour «injures publiques et provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence» à la suite de propos violemment anti-islam et anti-immigration tenus par Zemmour lors de cet événement censé marquer le retour de Marion Maréchal-Le Pen et retransmis en partie sur LCI.
«J'ai signé cette pétition pour défendre la liberté d'expression dans ce pays», note Julien Aubert. Même credo du côté de Guillaume Larrivé, qui affirme «trop aimer la liberté pour tolérer la tyrannie du bâillonnement. Ras-le-bol de la censure parée des habits de la vertu». Et d'ajouter qu'«il y a du Cyrano chez Zemmour, qui n'abdique jamais l'honneur d'être une cible».
Donné favori pour prendre la tête de LR, Christian Jacob, président du groupe au Palais-Bourbon, s'est, lui, drapé dans un silence de bon aloi. Mais il considère, selon son entourage, que «Zemmour n'en est pas à sa première polémique et que là, il a franchi un cran supplémentaire en s'affichant au côté de Marion Maréchal-Le Pen. Il a choisi son camp.»
Jean Leonetti, président par intérim du parti, se garde bien de sortir d'une certaine réserve. «Mais cet humaniste ne peut absolument pas cautionner, ni même accepter les propos radicaux de Zemmour», dit un proche. A LR, tel est donc le dilemme : faut-il combattre Zemmour au nom du rejet de toute forme d'extrémisme ou le défendre au nom de la diversité des opinions ?
Christophe Forcari