C'est ce qu'on appelle un cordon sanitaire. Dimanche, la majorité macroniste est montée au créneau pour défendre un Christophe Castaner de nouveau fragilisé. Cette fois, ce sont les failles de sécurité et ses propos sur le profil de l'assaillant qui sont en cause. Jeudi après-midi, deux heures après l'attaque, le ministre de l'Intérieur avait affirmé devant les caméras que Mickaël Harpon n'avait «jamais présenté aucun signe d'alerte». A-t-il parlé trop vite et son autorité est-elle entachée ? «Certainement pas», riposte le Premier ministre dans le JDD. Comme au lendemain du 1er Mai, quand Christophe Castaner avait parlé d'une attaque délibérée contre l'hôpital de la Salpêtrière alors que des manifestants y avaient juste trouvé refuge, Edouard Philippe redit qu'il a «toute confiance» en son ministre de l'Intérieur et le dédouane de toute faute politique : il a «fait état de ce qu'il savait au moment où il s'exprimait».
Interrogée sur France Inter, l'ex-ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau a laissé entendre que l'emballement de Castaner était à mettre… au débit des journalistes. «La première chose qui se passe dans ces moments-là, c'est que les micros se précipitent, impatients d'avoir des informations», a fait valoir la désormais députée européenne. «Allez prendre la place de Christophe Castaner et faites mieux», a-t-elle ajouté, louant les succès «invisibles» du premier flic de France, comme les attentats évités ou le démantèlement de filières criminelles.
Côté visible, c’est sa gestion des manifestations de ces derniers mois qui est questionnée à droite comme à gauche. Si l’opinion publique semble vouloir suivre l’exécutif sur la voie du «parti de l’ordre», un cafouillage sur le terrain hautement anxiogène du terrorisme risque de laisser plus de traces. D’autant que dans le camp présidentiel, on a identifié le régalien comme un point faible du macronisme, de nature à éclipser, le cas échéant, les bonnes nouvelles économiques et sociales.
Visiblement mieux préparé que jeudi, Castaner a déroulé un argumentaire apaisant et bien rodé à l'heure du déjeuner sur le plateau de TF1. «Evidemment qu'il y a eu des failles puisqu'une femme et trois hommes sont morts», a-t-il déclaré d'emblée.
Un «scandale d'Etat», selon Eric Woerth, le président LR de la commission des finances de l'Assemblée. Qui, contrairement à une grande partie de la droite et de l'extrême droite, ne va pas jusqu'à demander le départ du ministre de l'Intérieur. Démissionner ? «La question se pose-t-elle ? Non», a affirmé Christophe Castaner, appelant à «abandonner le procès politique» instruit contre lui.