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Libération
#Sauvetonpaysan

Les agriculteurs manifestent leur détresse sur les routes de France

Sentiment de rejet, opposition aux zones de non-traitement aux pesticides ou aux accords commerciaux : les agriculteurs manifestaient mardi dans toute la France en bloquant les axes routiers à l’appel du syndicat majoritaire, la FNSEA, et des Jeunes agriculteurs.
Tracteurs contre police: les agriculteurs manifestent à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs à Saint-Aybert(Nord), le 8 octobre 2019 (FRANCOIS LO PRESTI/Photo FRANCOIS LO PRESTI. AFP)
par AFP
publié le 8 octobre 2019 à 13h37
(mis à jour le 8 octobre 2019 à 14h11)

Sous le slogan, «France, veux-tu encore de tes paysans ?», la mobilisation des agriculteurs a commencé mardi matin tôt dans l’Aisne, le Var et la Drôme, et devait atteindre son point fort en début d’après-midi avec le blocage prévu d’axes routiers majeurs, dont de nombreuses autoroutes.

L'objectif de ces manifestations : «Se montrer sur les routes, tracter au niveau des ronds-points, s'adresser aux représentants de l'Etat», a indiqué à l'AFP Xavier Benoist céréalier, lors d'un blocage à Chateau-Thierry (Aisne).

«Agribashing»

La mobilisation a été importante en milieu de journée dans l’Est de la France. Dans l’ensemble du Bas-Rhin, plus de 500 tracteurs ont bloqués cinq voies importantes, essentiellement sur les autoroutes A35 et A4, tandis qu’environ 120 tracteurs bloquaient la jonction entre l’A35 et l’A36, dans le Haut-Rhin.

«Le problème est politique, d'un côté on a un discours qui parle d'agriculture forte, vivante et de l'autre on nous assomme avec des normes à n'en plus finir, sans parler des traités de libre-échange et de l'"agribashing", alors qu'on est une agriculture reconnue comme vertueuse», a dénoncé Fabrice Couturier, président de la FDSEA de Moselle où les agriculteurs organisent des barrages filtrants à Metz, Thionville et Sarrebourg.

En Auvergne, l’A75 entre Clermont-Ferrand et Montpellier a été coupée pendant plusieurs heures et des barrages filtrants ont été mis en place à Aurillac dans le Cantal et à Riom et Beaumont dans le Puy-de-Dôme. Les villes de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques, d’Angoulême en Charente, de Poitiers dans la Vienne, et de Vesoul en Haute-Saône ont également été touchées.

En Haute-Vienne, les agriculteurs ont installé un barrage filtrant sur l’A20 au niveau de Limoges, avant d’aller dans des supermarchés «Hyper U» et «Intermarché» pour effectuer des contrôles sur la traçabilité des produits.

Zones de non-traitement

Parmi les dernières normes envisagées, les zones de non-traitement aux pesticides ont mis le feu aux poudres. «L'interdiction à 10 mètres des maisons, ça représente dans l'Aisne 10 000 hectares non cultivés, ça veut dire l'équivalent de 80 000 tonnes de blés non produites, soit 1,5 million d'euros de manque pour les agriculteurs», a expliqué à l'AFP Benoit Davin, référent FDSEA pour l'arrondissement de Soissons.

«On nous en demande toujours plus alors qu'on va ouvrir les frontières avec les [accords] Mercosur et Ceta. Soit on donne des preuves d'amour aux paysans pour passer le cap, soit on nous tape dessus et on apportera notre réponse», a pour sa part indiqué Cédric Henry président de la FDSEA d'Ille-et-Vilaine, où la 4 voies entre Vannes et Lorient était bloquée.

Une cinquantaine d’agriculteurs tarnais ont bloqué le viaduc du Viaur à la limite entre le Tarn et l’Aveyron et ont pendu des mannequins d’agriculteurs le long de la rambarde du viaduc pour symboliser le suicide dans le monde agricole.

En Ile-de-France, 200 tracteurs étaient mobilisés selon la FDSEA, dans le Val-d’Oise, les Yvelines, l’Essonne, le Val-de-Marne et en Seine-et-Marne.

Prochaine mobilisation

En Lot-et-Garonne, c’est la Coordination rurale (majoritaire dans le département) qui s’est mobilisée mardi, avec les mêmes mots d’ordre. Ils ont notamment totalement bloqué plusieurs accès à l’autoroute A62 (Bordeaux-Toulouse).

A Agen, environ 150 agriculteurs ont déversé devant la préfecture du purin et des pneus, qu’ils ont décidé de ne pas faire brûler par respect pour les agents de police tués à Paris auxquels la préfecture rendait hommage avec ses drapeaux en berne. Une délégation d’agriculteurs a été reçue en préfecture.

«Aujourd'hui, ce sont essentiellement des actions symboliques, car c'est un premier avertissement au gouvernement. Nous avons des revendications claires sur les revenus, sur l'agribashing», a indiqué à l'AFP Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes qui a exhorté la semaine dernière au Salon de l'élevage Emmanuel Macron à tenir un discours plus positif sur l'agriculture française. Selon lui, une prochaine journée de mobilisation a été fixée au 22 octobre, si aucune annonce n'a lieu d'ici là.