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Libération

Baisser les charges des entreprises, Bruno Le Maire toujours velléitaire

publié le 14 octobre 2019 à 20h11

C'était un malentendu. Une semaine après avoir été accusé par les organisations patronales «d'arrêter la politique de l'offre», Bruno Le Maire va rappeler, ce mardi à Bercy, son souhait de s'attaquer aux «impôts de production». Une vieille revendication du Medef et de la CPME. Malgré les multiples «baisses de charges» obtenues ces dernières années via le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), le «pacte de responsabilité» ou encore la baisse de l'impôt sur les sociétés, les organisations patronales continuent à pester contre un «coût du travail» toujours «trop élevé». Et le ministre de l'Economie n'est pas sourd à leur complainte : «Nous avons aujourd'hui des impôts de production qui pénalisent nos entreprises, qui sont deux fois plus élevés qu'en Allemagne et sept fois plus élevés que la moyenne des pays européens.»

Pour Le Maire, les montants de ces différentes taxes payées par les entreprises quel que soit le montant de leurs bénéfices (CFE, C3S, taxe sur le foncier bâti, CVAE) sont une des raisons du «déclassement productif» du pays auquel il compte s'attaquer ce mardi, à l'occasion d'un grand raout voué à lancer le «pacte productif pour le plein-emploi» commandé en avril par Emmanuel Macron. Le Maire ne devrait livrer que de simples «orientations» et annoncer «une consultation». «Aucune décision n'est à prendre avant le projet de loi de finances 2021», temporise-t-il.

Car baisser les impôts de production coûterait cher aux finances publiques. Celles de l'Etat comme celles des collectivités : l'enveloppe totale de ces impôts est estimée à 72 milliards d'euros, dont 3,5 milliards pour l'Etat au titre de la C3S et le reste pour les collectivités locales. Le ministre se dit «très favorable» à la fin de cet impôt, qui participe pourtant au financement de l'assurance vieillesse : «On peut commencer la baisse d'impôt de production par ça, mais quelle crédibilité on aurait si on ne dit pas comment on finance ?» Surtout, Le Maire veut détourner la responsabilité de cette «charge» sur les collectivités locales. Lesquelles risquent d'avoir du mal à renoncer à l'un des derniers leviers fiscaux dont elles disposent… «Elles peuvent aussi [y] avoir un intérêt […] si c'est pour avoir un peu plus d'emplois sur leur territoire, fait valoir le ministre. Ça ne peut être fait qu'avec leur accord.» Habile pour leur faire porter le chapeau du «coût du travail».

Lilian Alemagna