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Libération
Croissance molle

L'objectif «plein-emploi» du gouvernement renvoyé à plus tard

Selon les prévisions de l'OFCE, l'objectif affiché pour 2025 par Emmanuel Macron reste «atteignable» mais «peu probable» compte tenu de la conjoncture économique. Le gouvernement cible toujours un taux de chômage de 7% d'ici à la fin du quinquennat.
Le logo de Pole Emploi, à Montpellier, le 3 janvier 2019 (PASCAL GUYOT/Photo PASCAL GUYOT. AFP)
publié le 16 octobre 2019 à 18h01

Le service communication de Bercy a bien fait de gommer la date. Jusqu'ici, le gouvernement promettait le «plein-emploi» pour «2025», à savoir un taux de chômage sous la barre des 5%. Mais sur le dossier du «Pacte productif pour le plein-emploi» distribué à la presse en début de semaine, il n'est plus fait mention d'une année cible en particulier… Et pour cause : si le taux de chômage (les ministres ne se privent pas de le répéter) est au plus bas depuis dix ans (8,5% de la population active selon l'Insee au deuxième trimestre), le ralentissement attendu des créations d'emplois dans les années qui viennent compromet cet objectif fixé par Emmanuel Macron fin avril lors de sa conférence de presse.

Bien en a pris aux services du ministère des Finances : selon les prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le «pari» du chef de l'Etat d'un taux de chômage à 7% en 2022 reste «atteignable» mais devient «peu probable». Selon le laboratoire de Sciences-Po, le gouvernement a moins d'une chance sur six d'y arriver et table davantage sur 8% fin 2021 et 7,8% en 2022. Et encore : c'est sous réserve d'un taux de croissance à 1,4% jusqu'à la fin du quinquennat, soit celui inscrit par le gouvernement dans son programme pluriannuel. Or l'OFCE, dans la lignée du FMI, prévoit plutôt un PIB en hausse de 1,3% l'an prochain et 1,2% en 2021 et 2022 pour boucler le quinquennat.

Perspectives «moins favorables»

«Les perspectives de croissance pour les années à venir étant moins favorables, […] il nous semble peu probable que ce rythme soit maintenu et donc que l'objectif soit atteint», expliquent les économistes dans leur note annuelle. De plus, si les mesures en faveur du pouvoir d'achat des ménages, décidées après la mobilisation des gilets jaunes et le grand débat national (hausse de la prime d'activité, réindexation des petites retraites, gel des futures hausses de taxe carbone, baisse de l'impôt sur le revenu…) soutiennent la croissance française pour en faire désormais «le principal contributeur à la croissance européenne», certaines d'entre elles (comme la désocialisation et la défiscalisation des heures supplémentaires) «joueraient aussi négativement sur les créations d'emplois en 2019 en incitant au recours accru aux heures supplémentaires».

En revanche, souligne l'OFCE, «la transformation du CICE en baisse de cotisations sociales et allègement au niveau du Smic soutiendrait les créations d'emplois dès 2019 à un niveau particulièrement élevé au premier semestre au regard de l'activité». Mais pour l'avenir, le ralentissement mondial et européen pourrait jouer des tours au marché du travail français avec des créations d'emplois qui vont encore ralentir. Le tout, précise l'organisme, restant «entouré d'incertitudes multiples, que ce soit la croissance et son contenu en emplois, l'effet des politiques de l'emploi (formations, garantie jeunes, contrats aidés du secteur non marchand) ou l'évolution de la population active»… Voilà peut-être aussi pourquoi le gouvernement a vite remballé l'idée d'un «plein-emploi» pour 2025.