«C’était en 2008. On voulait faire un investissement immobilier pour avoir un petit capital pour notre retraite. J’ai fait une recherche sur Internet. Je suis tombée sur une société qui vendait des appartements dans le cadre de la loi Robien, qui donne droit à des réductions d’impôts si on achète un logement pour le louer. J’ai laissé mon numéro de téléphone. Une conseillère a rappelé dès le lendemain. Elle m’a demandé si on payait plus de 3 000 euros d’impôts par an. Nous, on était juste au-dessus. Ensuite, elle est venue chez nous. On a discuté de l’endroit où on pouvait acquérir un petit appartement. La conseillère nous a proposé un deux-pièces dans la banlieue de Valenciennes au prix de 132 000 euros. Elle est venue avec un tableau et des chiffres. Elle nous a expliqué qu’en versant 300 euros par mois plus le loyer encaissé, ça payait notre traite, qui est de 856 euros mensuels. Elle nous a dit qu’elle s’occupait de tout. Y compris de l’emprunt.
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«Elle est effectivement revenue quelque temps plus tard avec un dossier. C'était un prêt en francs suisses, mais remboursable en euros. Un prêt Helvet Immo de la BNP-Personal Finance. Elle nous a expliqué que c'était avantageux pour nous car les taux d'intérêt étaient plus bas. Elle ne nous a jamais parlé du "risque de change" qui fait augmenter automatiquement le capital à rembourser si le franc suisse augmente. Nous, on ignorait toutes ces choses-là. Moi, j'étais aide-soignante, mon mari ouvrier. On n'est pas banquiers. On a découvert qu'on avait un problème avec notre prêt en regardant le JT de TF1. Ils ont parlé de Helvet Immo. Pour nous, ça a été la panique. Un coup de massue. On a essayé de voir avec mon mari ce qu'on pouvait faire. On a appelé la BNP-Personal Finance. Nous avons eu une dame en ligne. On lui posait des questions qui restaient sans réponse. Il y avait des blancs. On sentait qu'elle était très gênée. Quelques jours plus tard, nous avons reçu un courrier de la banque qui nous disait qu'elle n'entendait pas revoir notre prêt. On a mal dormi pendant un petit moment. Un jour, j'ai découvert qu'il existait un collectif des emprunteurs Helvet Immo. On les a contactés et on a pris leur avocat.
«Aujourd’hui, mon mari et moi sommes à la retraite. On vit tous les jours avec ça. On a une épée au-dessus de nos têtes car on ne sait pas comment cela va se finir. Rendez-vous compte que nous avons emprunté 132 000 euros en 2008. Depuis, nous avons remboursé 93 852 euros et on doit encore 157 944 euros. Je n’ai qu’une hâte, c’est qu’on nous rende justice. On n’a pas envie que toute notre retraite soit pourrie par cette affaire. On n’est pas bien. A cause de toutes ces contrariétés, j’ai pris un poids énorme. Mon mari s’est mis à faire de l’hypertension. On a juste voulu faire un petit investissement pour vivre mieux lors de notre retraite et on se retrouve dans la mouise.»