L'ex-chargé de mission au ministère de la Défense puis trésorier officieux du Parti républicain (PR), toujours au côté de François Léotard, s'est livré à la barre à une longue digression sur les fonds secrets. Renaud Donnedieu de Vabres (RDDV) est un sachant : lui-même a été condamné en 2004 pour blanchiment, pour avoir recyclé 5 millions de francs dans une obscure banque franco-italienne - l'alibi des fonds secrets, moins infamant, n'avait pas suffi. Ceux-ci sont gérés, on ne le répétera jamais assez, par Matignon, «à la discrétion du Premier ministre». Soit 230 millions de francs sur les deux ans de la cohabitation 1993-1995 (après versements à la DGSE, qui en absorbe plus de la moitié).
De quoi abonder la campagne d'Edouard Balladur ? RDDV ne va pas jusque-là, mais tient à préciser que chaque ministre disposait de sa propre enveloppe, «150 000 francs, usage discrétionnaire» là encore. Quand plane parallèlement l'ombre d'une autre enveloppe d'antiques fonds secrets, 40 millions de francs correspondant au passage de Raymond Barre à Matignon, il botte en touche : «Les Adhérents directs de l'UDF étaient un parti politique en tant que tel, avec une trésorerie importante.»
En cours d'instruction, Ziad Takieddine avait avoué lui avoir remis 250 000 francs en liquide, notamment pour financer une maison à Tours. Avant, donc, de rétropédaler. Renaud Donnedieu de Vabres la joue grand seigneur : «J'assume de ne pas l'avoir traité de menteur, car il a été utile à notre pays.»