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Libération
Interview

Autisme : «Il ne faut pas laisser croire qu’on ne peut rien faire»

publié le 28 octobre 2019 à 20h11

Claire Compagnon est depuis deux ans déléguée interministérielle pour l'autisme. Elle a organisé à l'Assemblée nationale une avant-première du film Hors normes à destination du milieu associatif.

Un film grand public sur les autistes graves, c’est une bonne chose ?

Oui, enfin ! C’est un film important. Il rend compte avec justesse du quotidien des adultes autistes qui ont des troubles sévères. Il montre combien, depuis des années, nous n’avons pas répondu à leur situation et fait vivre à leur famille des parcours chaotiques et désespérants. Il donne de l’espoir.

Ce film se montre très critique à l’égard de la réponse institutionnelle…

C’est une réalité, notamment dans les services de psychiatrie : des patients peuvent être attachés et mis sous sédatifs pendant des années. A partir de l’adolescence, des autistes vont développer de la violence contre eux-mêmes et contre les autres. C’est souvent dû à des troubles mal pris en charge ou mal diagnostiqués.

Quels enseignements tirez-vous de ces critiques ?

Les institutions opèrent trop de sélections et, finalement, les patients les plus difficiles ne trouvent pas leur place. A nous, pouvoirs publics, de mieux les accompagner.

Quelle a été la réaction du milieu associatif ?

Il y a une grande satisfaction que l’on sorte d’une présentation centrée sur des personnes à haut potentiel. Et il y a cette reconnaissance de ce que vivent les familles et de l’urgence à les aider. Les patients ont besoin d’une présence adaptée et il ne faut pas laisser croire qu’on ne peut rien faire. Ils ne souffrent pas de déviances de comportement, mais des conséquences de leur maladie.