Certains élus de Seine-Saint-Denis ont alerté le gouvernement : ils attendent des preuves d’amour. Car, s’il permet de soulever des montagnes, l’amour seul ne suffit pas à assurer une scolarité normale à un enfant d’Aubervilliers ou de Bondy, à limiter les taux de délinquance grâce à des effectifs policiers suffisants ou à désencombrer les tribunaux d’instance afin que les affaires soient traitées aussi vite qu’à Paris. Edouard Philippe l’a bien compris. Mortifié par un rapport rédigé par deux députés (LR et LREM) sur l’état de délabrement du département et l’impuissance de l’Etat, le Premier ministre arrive ce jeudi à Bobigny avec un certain nombre de preuves, si ce n’est d’amour, du moins de la détermination du gouvernement à revitaliser ce territoire qui, aux portes de Paris, apparaît comme l’un des plus pauvres et abandonnés de France. Certes, les promesses, dans le 93, ce n’est pas ça qui manque depuis plusieurs années. Les élus locaux ont été traumatisés par le plan mort-né de Jean-Louis Borloo qui avait fait naître de nombreux espoirs dans les «quartiers populaires» comme les politiques appellent aujourd’hui la banlieue. Ils n’en peuvent plus des mesures d’urgence sans lendemain. Et les habitants n’y croient plus. Alors pourquoi le plan d’Edouard Philippe serait-il à prendre plus au sérieux qu’un autre ? Parce qu’il n’est pas dans l’esbroufe. Parce qu’il prend en compte les demandes du terrain. A l’exemple de cette prime visant à pousser les agents de l’Etat à rester plus longtemps à leur poste et ainsi à mieux suivre les dossiers en cours. Et de cette police de proximité qui va voir le jour à Saint-Ouen et à la Courneuve. Ce n’est pas le grand soir, mais un petit début. Dans le climat actuel, il n’y a pas le choix, il faut de toute urgence désenclaver, rétablir le service public et redonner de l’espoir à ces territoires oubliés. Faire corps. Et se souvenir que, dans la devise de la République, il y a le mot «égalité».
Éditorial
Promesses
publié le 30 octobre 2019 à 20h56
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