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Libération
À la barre

«Repenti» corse : «On ne veut pas que Chossat meure, on veut qu’il soit jugé pour ce qu’il a fait»

Dans le procès de l’ancien voyou, qui répond devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône de l’accusation «d’assassinat en bande organisée» pour le meurtre de Richard Casanova, c'est la famille de ce dernier qui a témoigné ce mercredi.
Les parents de Richard Casanova (à gauche) et Sandra Germani-Casanova, sa veuve, au palais de justice d'Aix-en-Provence, mercredi. (GERARD JULIEN/Photo Gérard Julien. AFP)
publié le 30 octobre 2019 à 18h41

Dans les couloirs du palais de justice, en cercle et lunettes de soleil, ils renvoient l’image d’un clan. Celle-là même qu’ils combattent, une fois déchargés de leurs apparats, à la barre de la cour d’assises. Elégante dans sa tunique bordeaux, Sandra Germani a pris la parole la première pour évoquer le souvenir de son mari, Richard Casanova. De lui, les médias ne connaissent que quelques photos, archivées ici ou là dans les procédures judiciaires.

Membre éminent du gang de la Brise de mer, Casanova est resté plus de quinze ans en cavale, du casse de l'Union des banques suisses (UBS), en 1990, à son interpellation à Bastia en mars 2006. «Une vie forcément atypique», décrit Sandra Germani, ce qui n'a pas empêché «Richard d'être un bon père, un bon fils, un bon mari». Le jour de son assassinat, le 23 avril 2008, celle qui est aussi la sœur de Jean-Luc Germani – autre seigneur de la Brise – était chez l'orthodontiste pour leur fils aîné, Dimitri. Au téléphone, quelqu'un lui dit : «On a tiré sur Richard.» «Un coup de tonnerre dans un ciel bleu.» Très douce jusqu'ici, sa voix s'efface derrière les larmes lorsqu'elle évoque les mots murmurés à leur cadet, Sacha, trois ans et demi : «On a tiré sur papa. Il s'est battu. Ses jambes n'ont pas tenu.»

Pour la première fois en onze ans, Sandra Germani n'est séparée de Claude Chossat que de quelques centimètres. Renvoyé pour assassinat en bande organisée, le premier «repenti» du banditisme corse jure qu'il n'a pas tiré sur Casanova – son ADN a toutefois été retrouvé sur les lieux. Selon lui, c'est Francis Mariani, le fondateur de la Brise, qui a abattu «le dandy de grands chemins» en raison de différends d'affaires. Depuis, on prête à la famille Casanova un désir de vengeance : «Je connaissais Francis Mariani. Pour moi, son amitié pour Richard n'a jamais été démentie. Quant à Claude Chossat, on ne veut pas qu'il meure ; on veut qu'il soit jugé pour ce qu'il a fait. On fait confiance à la justice uniquement», balaye Sandra Germani.

Plus véhémente, sa belle-sœur, Nicole, rappelle que les Casanova «sont ici en tant que victimes». Greffière au tribunal de commerce de Bastia, la sexagénaire raille ce «repenti» qui n'honore pas ses condamnations pécuniaires. Et qui n'a jamais su dire pardon : «A la peine, il a fallu ajouter les insultes de Claude Chossat à notre égard dans les médias. Il se taille l'image d'une victime, mais mon frère, moi, je le vois devant une pierre tombale.» A l'invitation du président de la cour, l'accusé se lève : «J'ai du respect pour la famille, pour les parents. Je ne suis pas un monstre.»