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Libération
Éditorial

Atmosphère

publié le 31 octobre 2019 à 21h01

Victoire à la Pyrrhus ? Au printemps 2018, le gouvernement a sorti de son chapeau une réforme de la SNCF qui a suscité l’ire syndicale. Au terme d’un long conflit sans résultat, la réforme a été imposée et mise en œuvre. Fin de l’histoire ? Sans doute non : les salariés de la compagnie ferroviaire pourraient bien jouer la revanche cet automne, comme en témoignent les mouvements sociaux qui affectent la compagnie depuis quelques jours. Grève minoritaire ? A coup sûr. Les cheminots de Châtillon sont 200 sur un centre de maintenance qui emploie 700 personnes, à comparer avec un effectif total de 155 000 personnes. Mais ils sont situés à un point névralgique et leur mouvement perturbe le trafic dans tout l’ouest de la France. Il traduit surtout une atmosphère, tout comme le «droit de retrait» exercé il y a dix jours à la suite d’un accident de TER dans les Ardennes. Les agents de maintenance sont parmi les moins payés de la SNCF : ils demandent en fait une revalorisation. Les effectifs s’amenuisent. Les lignes régionales devront bientôt s’ouvrir à la concurrence. Enfin et surtout, le «régime spécial» de retraite dont bénéficient les cheminots est menacé par la réforme préparée sous l’égide de Jean-Paul Delevoye. Allégée du poids de sa dette, la SNCF devrait revenir à l’équilibre d’exploitation. Elle reste une entreprise publique remarquable par sa sûreté, l’excellence technique de son réseau TGV et son maillage territorial, même si celui-ci est mis en cause par la fermeture de certaines «petites lignes». Elle a, de surcroît, l’avantage de transporter marchandises et passagers en limitant les émissions de gaz à effet de serre. A tel point qu’on se demande s’il faut sans cesse la soumettre à des réformes de fonctionnement d’inspiration libérale qui sont vécues comme autant de régressions sociales par les cheminots.