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Libération

La disparition de la classe : conséquences en cascade

publié le 3 novembre 2019 à 19h31

Cette réforme modifie en profondeur l'organisation des enseignements. Et notamment la notion de «classe», qui n'existe plus vraiment. D'un cours à l'autre, les élèves changent de groupe. C'était dans la genèse de cette réforme : dessiner un lycée à la carte, où chacun compose son cursus, sur le modèle de l'université. Une volonté assumée, mais avec des conséquences en cascade, plus ou moins anticipées. Les conseils de classe ne sont plus possibles dans leur forme classique. «Les équipes pédagogiques sont explosées, parfois jusqu'à 40 profs interviennent pour une même classe, témoigne Julien (1), prof de SVT dans la banlieue parisienne. Cela aurait pu être l'opportunité d'engager une réflexion sur nos pratiques. Sauf que tout est fait dans la précipitation. Et donc n'importe comment.»

La disparition des classes a aussi des répercussions dans la façon d'enseigner : les élèves ne se connaissent pas, ou très peu, ce qui complique le travail en groupe. «Cette réforme renforce à fond l'individualisme. C'est symbolique, mais les TPE disparaissent des notes du bac. Et avec elles, la reconnaissance par l'institution du travail collaboratif […]. Alors qu'on sait à quel point ces compétences sont importantes pour la vie professionnelle !» Il pointe une conséquence, très concrète : repérer les élèves en décrochage devient plus difficile. «Jusqu'ici quand on avait un doute sur un gamin, on en parlait aux collègues intervenant dans sa classe. Avec les équipes explosées, c'est moins évident.»

(1) Le prénom a été modifié.