Yvan (1) est professeur de sciences économiques et sociales à Paris. Il a de la bouteille, heureusement. Quand il a découvert son emploi du temps le jour de la prérentrée, surprise : son groupe de premières en spécialité SES comptait 45 élèves ! Ils sont désormais 42, «le proviseur a fait en sorte que plusieurs élèves changent de spécialité ou de lycée». Que sa spécialité soit beaucoup demandée est une bonne nouvelle, mais il s'interroge : «Etre si nombreux en classe n'offre pas des conditions d'apprentissage satisfaisantes. L'élève un peu réservé en pâtit. Plusieurs s'interrogent […] et hésitent à continuer cette spécialité dans pareilles conditions.» Interrogé, le ministère renvoie la responsabilité aux chefs d'établissement : «C'est de leur ressort, la constitution des classes. De la même façon que si la rentrée s'est bien passée, c'est grâce à leur travail.»
Les situations sont très variables d'un établissement à l'autre. Cette réforme est aussi utilisée dans les stratégies de différenciation entre établissements, notamment à Paris. Certains proviseurs ont ainsi choisi de financer deux heures de maths supplémentaires : «50 % d'heures de maths en plus pour les élèves, vous imaginez les différences ?», pointe Patrice Roland, prof du Val-d'Oise. Il est convaincu d'une chose : «Les proviseurs qui ont joué le jeu en offrant le plus de choix possible aux élèves ont utilisé une grande partie de leur DHG [enveloppe d'heures, ndlr], diminuant leur marge de manœuvre pour se différencier.»
(1) Le prénom a été modifié.