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Libération

En France, les riches émettent-ils huit fois plus de CO2 que les pauvres ?

publié le 8 novembre 2019 à 18h56

La richesse pollue. Selon l'économiste Lucas Chancel (1), les émissions de CO2 des plus aisés sont bien plus importantes que celles des plus pauvres. Et notamment en France. Dans l'Hexagone, elles s'élèvent à 11 tonnes par personne et par an. Une moyenne qui cache de fortes inégalités, puisque les émissions des 10 % les plus modestes sont d'environ 4 tonnes, contre 31 tonnes pour les plus aisés. Soit près de huit fois moins. Aux Etats-Unis, ce rapport grimpe à 24 (3,6 tonnes pour les plus pauvres contre 84,5 tonnes pour les plus riches), et même à 46 au Brésil (0,5 tonne pour les plus pauvres contre 23 tonnes pour les plus riches). Ce sont surtout sur les émissions dites indirectes que les écarts se font, et non sur les émissions directes, comme pour l'essence. «Des émissions indirectes, selon Chancel, nécessaires pour réaliser les services ou les biens que l'on consomme : téléphone intelligent, carotte bio ou place de cinéma.» En effet, «ce que l'on utilise au quotidien a nécessité de l'énergie pour être inventé, fabriqué, transporté et commercialisé». Or pour les 20 % des Français et Américains les plus riches, elles représentent les trois quarts de leurs émissions, contre deux tiers pour les 20 % les plus modestes.

(1) L. Chancel et T. Piketty, «Carbon and inequality : from Kyoto to Paris», Paris School of Economics, 2015.