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Billet

Place publique : un drôle d’anniversaire

Raphaël Glucksmann. (Photo Marc Chaumeil)
publié le 13 novembre 2019 à 20h51

Mardi, en tout début d’après-midi, on a reçu une invitation à un anniversaire : le mouvement Place publique souffle sa première bougie. La nostalgie, soudain. On se souvient de ses premiers pas. Une bande unie et des rêves plein les yeux. Raphaël Glucksmann, Claire Nouvian, Thomas Porcher, Diana Filippova et Jo Spiegel posaient dans les colonnes de Libération. Ils criaient au monde entier leur envie folle de rassembler toutes les âmes perdues de la gauche pour répondre à l’urgence sociale, démocratique et écologique. Des Power Rangers en mission. Ce jour-là, ils avaient l’air tous sur la même ligne. Ils étaient tellement grands et beaux et forts.

Quelques jours plus tard, on avait assisté à leur premier meeting à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Dans une petite salle, rue Alexis-Lepère, des militants, des curieux, des novices en politique, d’autres beaucoup moins. La foule était heureuse. La bande des Power Rangers respirait l’espoir. Ça faisait belle lurette qu’on n’avait pas vu la gauche avec un tel sourire. Le mouvement Place publique s’imaginait déjà en train de tordre les bras à tous les vieux partis. Sauf que le monde réel est plus complexe.

Après des semaines à négocier avec toutes les couleurs de la gauche, Place publique s’est retrouvé en tête à tête avec le Parti socialiste. L’espoir originel est tombé à l’eau. Beaucoup de militants ont claqué la porte lorsque Raphaël Glucksmann a décidé de mener la liste aux européennes. Thomas Porcher a également quitté l’aventure. La vérité : le mouvement qui a donné une tonne de leçons aux vieux partis n’a pas fait mieux. Place publique n’a pas resisté aux urnes.

Le mois passé, dans un entretien à l’Obs, Claire Nouvian a enfoncé le clou. Elle a annoncé son départ du mouvement. La fondatrice de l’ONG Bloom n’a pas mâché ses mots. Elle a cogné sur le Parti socialiste et Raphaël Glucksmann… Un règlement de compte en place publique. Les premiers jours sous le soleil paraissent tellement lointain. Aujourd’hui, on ne sait plus vraiment ce que représente le mouvement. Quelle adresse postale ? Quels militants ? Quel rôle aux élections municipales ? D’ailleurs, le mouvement soufflera-t-il sa deuxième bougie l’an prochain ? Mais bon, joyeux anniversaire Place publique !