«On espère qu'on va revenir à un prêt normal et qu'on sera dédommagés», commentait mardi à la sortie de l'audience, Nicole, partie civile, comme plus de 150 autres présentes à l'ouverture du procès des emprunts immobiliers Helvet Immo, commercialisés par BNP Personal Finance en 2008-2009. «J'espère que justice nous sera faite. Sans cela, je ne sais pas comment je pourrais m'en sortir», témoignait un autre plaignant.
Toutes les parties civiles ont en commun d’avoir souscrit, lors de l’achat d’un logement à vocation locative, ces emprunts libellés en francs suisses mais remboursables en euros. Problème : après la crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraines en Europe en 2010, la devise helvète s’est envolée face à l’euro. Du coup, le capital à rembourser a augmenté : une hausse de plus de 35 % pour certains emprunteurs qui doivent à la banque des sommes supérieures au montant du capital emprunté, alors qu’ils remboursent leurs traites depuis dix ou onze ans.
Après sa mise en examen, BNP Personal Finance (filiale à 100 % de BNP Paribas) comparaît pour «pratique commerciale trompeuse». Il lui est reproché de ne pas avoir suffisamment informé ses clients des risques.
Près de 2 300 parties civiles (sur 4 655 ménages ayant souscrit l'emprunt) se sont constituées (il est possible de le faire jusqu'au 29 novembre). «Aux Etats-Unis, la BNP a été condamnée à une amende de 8,9 milliards de dollars. Ils ont sorti l'argent comme ça, indique un client qui habite dans le Doubs. Mais face à nous, face à des petites gens, ils sont intraitables, alors que les sommes en jeu n'ont rien de comparable. Ce procès, c'est un peu le pot de terre contre le pot de fer.»
Venu à Paris pour assister au procès, Rémy, un Toulousain de 37 ans, a «un sentiment de honte d'avoir cru à leur discours». «Jamais je n'aurais cru qu'une banque aussi connue puisse proposer des prêts pareils», reconnaît-il.
A la sortie de la salle d'audience, il y a aussi Régis, venu d'Orléans. Il fait partie des emprunteurs qui ont obtenu la conversion en euros du prêt. Selon Ludovic Malgrain, l'avocat de la banque, 60 % des emprunteurs auraient bénéficié de cette transformation. Mais Régis a laissé des plumes dans l'opération et attend le dénouement «de quelque chose qui dure depuis trop longtemps».