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Libération
Témoignage

Vincent giret, directeur de France Info : «Privilégier les acteurs et les témoins plutôt que les commentateurs»

publié le 13 novembre 2019 à 20h26

«Nous avons rapidement pris la mesure de cette défiance du public à l'égard de la presse. Au début du mouvement, les reporters revenaient du terrain en disant que les gilets jaunes répétaient "on nous enfume". Je me souviens qu'une journaliste, à peine rentrée des vacances de Noël dans sa région d'origine, avait rencontré là-bas un ami d'enfance qui lui avait demandé quand le gouvernement avait demandé aux médias de mentir… On a missionné quatre membres de la rédaction pour collecter des contributions au sein de celle-ci. Il y en a eu une quarantaine, qu'on a débriefées lors d'une matinée de réunion en février. On s'en est inspiré pour changer plusieurs choses.

«Le temps de reportage a été augmenté à l’antenne, pour privilégier les acteurs et les témoins plutôt que les commentateurs. Le nombre d’invités politiques a été réduit, y compris dans nos rendez-vous très identifiés, qu’on ouvre à des personnes de la société civile. Nous avons beaucoup travaillé le lien entre notre agence d’information interne et le réseau des France Bleu : on regarde leur menu tous les matins avec un œil beaucoup plus attentif. A cette agence, nous avons aussi adossé une cellule «vrai du faux», qui est passée d’une à six personnes. Ce qui nous permet d’avoir plus de rendez-vous de fact-checking à l’antenne.

«Et puis, quelque chose de très nouveau, on a testé le dialogue en direct avec des auditeurs, dans des moments d’actualité très chaude, comme récemment pour Lubrizol à Rouen. Enfin, au niveau de Radio France, nous avons organisé des rendez-vous "parlons info" avec le public, sans caméra ni micro, dans quelques villes. Cela a été parfois vif, souvent poignant.»