comme Assemblée des assemblées
Après Commercy, Saint-Nazaire, Montceau-les-Mines, la quatrième assemblée des assemblées du mouvement s'est tenue à Montpellier du 1er au 3 novembre. Structurer le mouvement et faire émerger les positions communes autour des questions qui le traversent. Au programme de cette dernière assemblée : les élections municipales et les actions à adopter pour le 17 novembre, date anniversaire du mouvement.
Le 27 janvier, lors de l’assemblée des assemblées à Commercy, le groupe de travail restitue le texte national des revendications des gilets jaunes.
comme Black bloc
Mobilisation contre la loi travail, 1er mai et maintenant gilets jaunes. Le black bloc, dont les participants sont vêtus en noir et masqués, est une méthode de manifestation qui consiste à se disperser dans le cortège pour finalement se réunir et créer une masse noire, un bloc compact qui préserve l'anonymat de chacun et d'éviter sa fragmentation. Né en Allemagne au début des années 80, le Schwarzer Block est une tactique qui est entrée dans la lumière en 1999 lors du sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle : les militants altermondialistes tentent en vain de bloquer le centre des congrès où se tiennent les réunions. Un black bloc se forme et ses participants fracassent vitrines de banques, multinationales et affrontent les forces de l'ordre.
A Paris,
le 16 mars,
date anniversaire des quatre mois du mouvement.
comme Carburant
A l’origine de la révolte, la hausse des taxes sur le carburant qui devait être mise en application dès janvier. Via les réseaux sociaux et Facebook, des réunions s’organisent, des comités se forment et un symbole surgit : le gilet jaune, à placer sur le tableau de bord de sa voiture ou à enfiler les samedis.
A l’entrée du péage de Fréjus le 23 novembre 2018.
comme Débat national
Lancé entre le 15 janvier et le 15 mars par Emmanuel Macron, ce grand débat s’étend sur tout le territoire national. Le gouvernement entend articuler cette concertation autour de quatre thèmes : la fiscalité, la transition écologique, la démocratie-citoyenneté et l’organisation de l’Etat et des services publics.
A Saint-Jeures sur le plateau du Haut-Lignon, pendant le grand débat national, le 17
février.
comme (Place de) l’Etoile
Le rond-point le plus emblématique de la contestation. C'est au pied de l'Arc de triomphe que le 1er décembre 2018 de violentes échauffourées éclatent, une semaine seulement après des débordements au même endroit. Un CRS, isolé, est mis à terre et roué de coups de pied. Il sera finalement sauvé par d'autres manifestants. «Les gilets jaunes triompheront», «fin de régime», «renverser la bourgeoisie» proclament certains messages inscrits sur l'Arc de triomphe plongé dans un nuage de lacrymos. Les manifestants s'introduisent dans l'édifice et se livrent à un saccage des installations, statues et outils de travail.
Manifestants vus du haut de l’Arc de Triomphe, lors de l’acte III, le 1er décembre 2018.
comme Famille recomposée
Ils ne se connaissaient pas avant mais au fil des discussions, les barrières tombent. De nombreux gilets jaunes qui continuent de marcher les samedis se sont rencontrés en manifestation ou sur les ronds-points, où beaucoup apportent vivres, boissons et mobilier. Certains ont fêté Noël ensemble, d’autres célébrés des anniversaires entre gilets. Tous vantent ce lien social retrouvé.
Sur le rond-point Charlemagne à Carcassonne le 18 février.
comme Giratoire
Un appel à sortir dans la rue et bloquer les ronds-points est lancé dès le 27 janvier 2018 dans toute la France. Plusieurs manifestants portent le gilet jaune avec des slogans écrits dans le dos. A l’automne 2018, des Français descendent à nouveau dans la rue et font du rond-point leur lieu de rencontre.
Rond-point de Réalpanier au Pontet le 15 décembre 2018.
comme Homard
Lors de l’occupation du centre commercial Italie 2 à Paris par des militants d’Action Rebellion rejoints par les gilets jaunes.
Le 10 juillet, Mediapart relate les «agapes dignes de grands dîners d'Etat» organisées par François de Rugy, alors qu'il est encore président de l'Assemblée nationale. Au menu, grands crus et homards. Celui qui est devenu ministre de la Transition écologique entre-temps est dans la tourmente. Le crustacé est vite récupéré par les manifestants qui en font le symbole du décalage entre l'Etat et la rue.
comme IGPN
L’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de 313 enquêtes judiciaires pour des violences policières présumées lors des manifestations des gilets jaunes. Elle a transmis les deux tiers d’entre elles à la justice, selon le ministère de l’Intérieur. De son côté, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a été saisie de 23 enquêtes dont 5 ont été transmises aux parquets. Le parquet de Paris a conclu 146 des 212 enquêtes ouvertes pour des soupçons de violences policières en lien avec des gilets jaunes. Au début du mois de novembre, 54 procédures ont été classées sans suite.
Affrontements violents entre gilets jaunes et forces de l’ordre, à
Toulouse le 12 janvier.
comme Jaune
Le symbole du mouvement est né de l'idée d'un acteur aujourd'hui oublié. Le 24 octobre 2018, Ghislain Coutard, mécanicien narbonnais de 36 ans, se filme au travail, à bord de son véhicule. Il appelle les automobilistes en colère à déposer la chasuble fluo sur leur pare-brise pour montrer leur motivation à aller manifester le 17 novembre et leur soutien au mouvement. Quelques jours plus tôt, deux chauffeurs routiers originaires de Seine-et-Marne lancent l'idée d'une action le 17 novembre pour créer un «blocage national contre la hausse du carburant». L'un d'eux, Eric Drouet, devient une figure du mouvement.
A Lille le 8 décembre 2018 lors de l’acte IV, les gilets jaunes se mettent à genoux en référence à la vidéo des lycéens de Mantes-la-Jolie, pour montrer leur mécontentement.
comme KO
Le 5 janvier, la manifestation parisienne est émaillée d'échauffourées. Sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor face au musée d'Orsay (Ier arrondissement), Christophe Dettinger, dit «le gitan de Massy», distribue des droites aux gendarmes qui font face à des dizaines de manifestants. Il se rend deux jours plus tard à la police et est placé en garde à vue. Lors de son procès, il déclare avoir «voulu empêcher une injustice, j'en ai commis une autre». Le tribunal correctionnel de Paris le condamne à trente mois de prison : douze mois de prison ferme, suivis de dix-huit mois avec sursis et mise à l'épreuve. Il a interdiction de séjourner à Paris pendant six mois et doit indemniser ses deux victimes de 2 000 et 3 000 euros. il est remis en liberté le 23 août.
A Paris, le 5 janvier 2019, lors de l’acte VIII, l’ancien champion de boxe Christophe Dettinger lance un uppercut aux forces de l’ordre.
comme LBD
Sur l'exercice 2018, les policiers n'ont jamais autant utilisé leurs «armes de force intermédiaire» : lanceurs de balles de défense, grenades de désencerclement, grenades lacrymogènes et pistolets à impulsion électrique. 19 071 cartouches ont été tirées en 2018 contre 6 357 l'année précédente. En près d'un an, de nombreux cas de blessures par LBD ont été signalés. Le 2 novembre, la revue britannique The Lancet publie un rapport scientifique qui montre que les blessures au LBD font ressortir des caractéristiques communes : «Fragmentation des os et blessures sévères des tissus mous, ce qui donne un éclairage sur le mécanisme de projection à grande vitesse des balles en caoutchouc.» En mars, l'ONU a réclamé une «enquête approfondie» sur l'usage des LBD. Sans réponse de la part du gouvernement.
A Bordeaux, lors de l’acte XII du 2 février, un membre des forces de l’ordre tient un LBD face aux gilets jaunes.
comme Mutilés
Mains arrachées, yeux énucléés, depuis le début du mouvement, quelque 2 448 personnes ont été blessées côté manifestants et 1 797 parmi les forces de l’ordre, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur arrêtés à la mi-mai. Depuis le 17 novembre 2018 et selon le décompte réalisé par le journaliste indépendant David Dufresne, 24 personnes ont été éborgnées, 5 ont perdu une main, un manifestant a été amputé d’un testicule tandis qu’un autre a perdu l’odorat. Une dizaine de manifestants présentent des blessures graves (mâchoire, pied, joue).
Antonio a été blessé au pied par une grenade lors de la manifestation des gilets jaunes le 24 novembre 2018 à Paris.
comme Nasse
Souricière, encerclement ou encore nassage. Cette technique, mise au point par les forces policières pour réguler le flux des foules pendant les manifestations a été utilisée fréquemment lors des mobilisations de gilets jaunes. Si ce procédé est devenu routinier depuis le début du mouvement, cette méthode ne date pas d’hier. Dans un rapport du Défenseur des droits, Jacques Toubon, sur le maintien de l’ordre publié en 2017, la préfecture de Paris indique que cette manœuvre est un moyen de prévenir ou de mettre fin à un trouble à l’ordre public est qu’il est systématiquement laissé une échappatoire aux personnes encerclées. Dans les faits, que ce soit pour les manifestants, journalistes ou badauds pris dans la nasse, il n’est pas toujours facile de pouvoir quitter le regroupement. En décembre, lors de l’acte 6, des manifestants sont nassés pendant quatre heures, rue de Vignon à Paris.
Manifestants pris dans une nasse sur les Champs-Elysées le 15 décembre 2018.
comme Opération
Opération péages gratuits, opérations blocage du périphérique, opération escargot, opération blocage des aéroports : depuis le 17 novembre, les gilets jaunes multiplient les actions pour exprimer leur colère. Le 5 octobre, le mouvement social écologique Extinction Rébellion investit le centre commercial Italie 2. Les gilets jaunes répondent à l'appel.
Opération gratuité au péage de la Gravelle le 24 novembre 2018.
comme Porte-parole
Les gilets jaunes sont un mouvement sans leader mais pas sans porte-voix. Jacline Mouraud, Eric Drouet, Maxime Nicolle, Priscillia Ludosky, Ingrid Levavasseur, Faouzi Lellouche, les porte-parole se succèdent et certains s’ancrent définitivement dans le mouvement.
A Paris le 27 novembre 2018, Priscillia Ludosky, porte-parole des gilets jaunes, est interviewée après sa rencontre avec François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire.
comme Quotidien
Le carburant a été l’étincelle mais la colère gronde depuis des années. La vie, de plus en plus chère, les salaires qui ne grimpent pas, l’isolement, le manque de démocratie directe et l’exclusion : c’est un quotidien devenu invivable qui pousse les gilets jaunes à prendre la rue.
Le 31 décembre 2018 sur les Champs-Elysées. Une centaine de gilets jaunes se sont rassemblés pour fêter le passage à la nouvelle année. Une chorale parodie des chansons comme «Au revoir Benalla».
comme RIC
RIC, pour Référendum d'initiative citoyenne. Cet acronyme apparu au cours de l'hiver dans les manifestations et sur les ronds-points est devenu la principale revendication des manifestants. Les militants du RIC s'appuient sur l'article 3 de la Constitution qui définit que la souveraineté nationale appartient au peuple, qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Certains réclament même la création du «RIC Carl» (pour constituant, abrogatoire, révocatoire et législatif) et demandent donc la possibilité de modifier la Constitution, réclamer la suppression d'une loi, révoquer un responsable politique mais aussi proposer des lois.
Lors de l’acte V, le 15 décembre 2018, des pancartes pro-Référendum d’initiative citoyenne (RIC).
comme Street medics
Bien connus des habitués des manifestations, ces groupes de soigneurs volontaires sont entrés dans la lumière grâce au mouvement des gilets jaunes. Premier secours, premiers soins, ils sont reconnaissables à leur uniforme blanc et se déplacent souvent en petits groupes, prêts à intervenir au milieu des tirs de LBD et jets de grenades lacrymogènes.
Des «street medics» viennent en aide à une femme blessée lors de l’acte X à Toulouse.
comme Toulouse
La ville, bastion des gilets jaunes, a été à plusieurs reprises le centre de la manifestation nationale. Le 19 janvier, Toulouse enregistre le record de mobilisation avec au moins 10 000 manifestants dans ses rues contre 7 000 à Paris. Pour le maire LR de la ville, «Toulouse depuis longtemps est un terreau très contestataire». En septembre, un membre de l’Observatoire des pratiques policières (OPP) a été blessé par la tête lors d’une charge policière et a annoncé son intention de porter plainte.
Lors de la manifestation du 26 janvier, 10 000 personnes sont descendues dans les rues de Toulouse.
comme Ultimatum
Le nom de chaque grosse mobilisation de gilets jaunes. L’ultimatum 1 organisé le 16 mars avait conduit à l’origine du saccage des Champs-Elysées. Le deuxième, qui s’est tenu le 20 avril, avait été un moins intense. La mobilisation, contenue par un dispositif policier conséquent, n’a jamais pris. Le 25 mai, l’ultimatum 3 se déroule à la veille des élections européennes, alors que plusieurs candidats sont issus du mouvement.
A Saint-Denis, à la Réunion, le 24 novembre 2018.
comme Véhicules (blocage)
Les protestations, qui trouvent leur origine dans la hausse jugée excessive des prix du carburant à la pompe, s’organisent autour de blocages d’axes routiers, péages et ronds-points. A Paris, de nombreuses voitures sont brûlées lors des différents actes.
A Paris, le 8 décembre 2018 lors de l’acte IV, une voiture en flammes aux abords de la place de l’Etoile.
comme Workshops
Confection de banderoles, fabrication de boucliers gaulois dans le Berry à Bourges, sous-marin jaune représentant les personnalités de la culture socialement engagées… le mouvement se distingue par une certaine créativité et des initiatives artistiques s’organisent, un an après le début de la mobilisation.
comme Acte X
L’anniversaire du mouvement le week-end du 16 et 17 novembre marquera le 53e acte de la mobilisation. Le flux des camions de livraison et la fluidité des échanges routiers sont bloqués.
En direction de la place de la Bastille à Paris, le 12 janvier.
comme Youtubeur
Depuis un an, le mouvement a vu apparaître un grand nombre de citoyens se saisir de l’information. Smartphone en main, des manifestants immortalisent les différentes manifestations ou blocages et diffusent les images en direct sur Facebook. Les vidéos de la contestation ou des apartés réalisées par les porte-parole terminent sur la plateforme YouTube et cumulent plusieurs milliers de vues.
Maxime Nicolle, alias Fly Rider, est filmé, avec une retransmission en direct, lors de sa sortie du commissariat à Bordeaux le 26 janvier.
comme Zbeul
Désordre, chantier, bordel, les appels à «mettre le zbeul» à Paris se sont multipliés depuis les premiers actes du mouvement. Plusieurs images reviennent comme la porte du secrétariat d'Etat de Benjamin Griveaux défoncée au transpalette, en janvier, ou encore les boutiques des Champs-Elysées saccagées lors du 16 mars.
A Paris, lors de l’acte XVIII.