La défaillance d'un des principaux tour-opérateurs britanniques, fin septembre, a sérieusement ébranlé le monde du voyage. Plombé par près de 2 milliards d'euros de dette, Thomas Cook a laissé près de 60 0000 voyageurs en rade. Après les indemnisations et les rapatriements, l'heure est maintenant au devenir des différentes filiales du voyagiste dans toute l'Europe. En France, le réseau Thomas Cook compte 172 agences de voyage et 750 salariés répartis entre les points de vente et le producteur de séjours touristiques Jet tours. C'est la reprise de cet ensemble qui doit être examinée ce mardi par le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Entre quatre et cinq offres considérées comme sérieuses ont été déposées mais le projet qui tient la corde est un regroupement de cinq professionnels du tourisme. Il est piloté par Laurent Abitbol, à la tête du réseau d'agences Havas voyages, et Michel Salaün, propriétaire de 128 points de vente et également premier tour-opérateur français vers la Russie, avec 10 000 clients par an. Il explique son intérêt par la nécessité, pour les producteurs de séjours (les tour-opérateurs) de pouvoir bénéficier d'un réseau de distribution : «Nous avons besoin d'experts du voyage qui puissent conseiller nos clients.»
La reprise de Thomas Cook ne se fera pas sans casse sociale. Certes, l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux a demandé aux candidats de réévaluer leurs offres. Pour autant, seuls 345 salariés sur un peu plus de 700 et 145 agences devraient poursuivre leur activité. L’enseigne Thomas Cook, elle, est appelée à disparaître. Elle sera remplacée par la marque de distribution de chacun des cinq repreneurs, s’ils sont choisis par le tribunal de commerce.
L'audience de mardi ne devrait pas donner lieu à une décision immédiate. Le jugement serait renvoyé, selon les informations recueillies par Libération, au 25 novembre. Ce qui n'arrange pas les affaires des agences Thomas Cook qui ne sont ouvertes que sporadiquement depuis la fin du mois de septembre, date de la faillite de leur maison mère. Elles n'ont en effet plus l'autorisation de vendre de nouveaux séjours ou forfaits et se contentent de gérer les clients existants. La déconfiture de Thomas Cook France devrait d'ailleurs secouer les finances du mécanisme d'assurance mis en place par les professionnels du tourisme. Ce système mis en place pour remédier à la défaillance d'un tour-opérateur a dû indemniser ou rapatrier 10 888 clients pour un montant estimé à 45 millions d'euros.