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Libération
Premiers de cordée

Pour l'Insee aussi, les riches ont eu droit au jackpot en 2018

Dans la nouvelle version de son «portrait social», l'organisme public de statistiques confirme que la transformation de l'ISF et la réforme de la fiscalité du capital a permis aux 10% les plus riches d'empocher 800 euros de plus en moyenne par an contre 130 à 230 euros pour le reste de la population.
(Baerbel Schmidt/Photo Getty Images)
publié le 19 novembre 2019 à 18h29

Cette fois-ci, le gouvernement ne pourra pas renvoyer à la «partialité» des auteurs. A son tour, l'Insee a évalué l'impact des «mesures sociofiscales» du premier budget de l'ère Macron sur les inégalités. Et, sans surprise, ce sont «les personnes les plus aisées» qui ont «bénéficié le plus» de l'augmentation du niveau de vie de la population (+0,8%) : près de 800 euros en moyenne de plus par an quand le reste de la population a obtenu 130 à 230 euros. «Les 10% de personnes les plus aisées bénéficient d'un gain en niveau beaucoup plus important que les autres grâce au remplacement de l'impôt de solidarité sur la fortune par l'impôt sur la fortune immobilière et à la mise en place du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du patrimoine», écrit l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

«Gain de niveau de vie très concentré dans le haut de la distribution»

Rien que la fin de l'ISF, transformé en IFI réduit à l'imposition de la seule fortune immobilière, a rendu, en moyenne, «près de 10 000 euros sur l'année en moyenne aux 350 000 ménages concernés». Comme l'avaient pointé d'autres instances (Observatoire français des conjonctures économiques, Institut des politiques publiques de l'Ecole d'économie de Paris…), «le gain de niveau de vie est très concentré dans le haut de la distribution». Quant au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% sur les revenus du capital (mieux connu sous le nom de flat-tax), il a bénéficié à plus de 8,8 millions de ménages. Les plus gros gains sont, confirme l'Insee, «très concentrés parmi les 5% de personnes les plus aisées». Résultat : «Cette réforme joue ainsi fortement à la hausse sur les inégalités de niveau de vie.» On dit merci qui ? On dit merci Macron, dira l'opposition…

Alors bien sûr, l'Insee rappelle que le dégrèvement de la taxe d'habitation «profite aux ménages de niveau intermédiaire» ou que la baisse des cotisations sociales compensée par une hausse de la CSG a «favorisé les actifs» qui travaillent ou encore que les hausses des minima sociaux et la mise en place du chèque énergie ont avantagé les plus modestes, mais ce n'est rien comparé aux gains obtenus l'an dernier par les plus riches. Surtout, l'Insee rappelle que les hausses de taxes sur le tabac et sur l'énergie ont pénalisé les ménages les plus modestes. Au bout du compte, pour 90% des Français, le niveau de vie a augmenté entre 0,4 et 0,9% en 2018. Pour les 10% les plus aisés, l'année s'est soldée par un gain de +1,2%.