Depuis 2014, les projecteurs de la justice sont braqués sur Béziers et le comportement de son maire, Robert Ménard. Retour sur un activisme judiciaire hors du commun en quatre affaires.
La crèche de Noël
Chaque année, une crèche est installée dans l'hôtel de ville. Et chaque année, cette installation est attaquée pour non-respect de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. «La première fois, l'attaque est venue de la Ligue des droits de l'homme, ensuite du préfet, se souvient le maire. Mais on continuera à installer cette crèche, les attaques continueront, et on continuera à perdre. Je porte ces défaites comme des décorations.» Le maire précise : «Ce sont nos services qui assurent notre défense, donc ça ne nous coûte rien.» Depuis, la crèche a été montée sur roulettes, pour pouvoir être aisément sortie des locaux de la mairie en cas de poursuites… Selon les calculs du conseiller municipal d'opposition Pascal Resplandy, cette tradition a déjà coûté à la ville plus de 28 000 euros en frais de justice.
Le quotidien local
En août 2016, une campagne d'affichage municipal fleurit à Béziers, montrant un doberman, un journal dans la gueule, accompagné d'un court texte : «A qui appartient Midi Libre ? A Jean-Michel Baylet, ministre des Collectivités territoriales. Tous les jours, l'info en laisse.» Poursuivi par Midi Libre pour diffamation, le maire est relaxé en février 2018. L'affaire se poursuit en appel. Les conflits entre le quotidien et Robert Ménard ont débuté peu après son élection, le maire, proche du Rassemblement national, dénonçant la «propagande, insidieuse, sournoise, systématiquement hostile à la nouvelle municipalité». Le journal municipal n'a eu de cesse de relayer ce discours, titrant même «Midi Libre ment ! Midi Libre ment !» A plusieurs reprises, des journalistes de l'agence du quotidien à Béziers ont été les objets d'attaques ciblées et nominatives. Ces différentes actions en justice concernant Midi Libre auraient coûté à la collectivité plus de 55 000 euros.
Les enfants musulmans
«Dans une classe du centre-ville de chez moi, 90 % d'enfants sont musulmans. Evidemment que c'est un problème.» Signée Robert Ménard, la phrase est prononcée en septembre 2016 sur LCI. Dans un tweet, l'édile persiste : «La preuve la plus éclatante du grand remplacement en cours. Il suffit de regarder d'anciennes photos de classe.» Sept associations antiracistes l'attaquent pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. En avril 2017, il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 2 000 euros d'amende mais en mars 2018, la cour d'appel de Paris le relaxe et condamne les associations à lui verser 5 000 euros de dommages et intérêts. Le maire est finalement blanchi en cassation en juin dernier, le pourvoi des parties civiles est rejeté.
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Les migrants
En octobre 2016, Ménard apprend que 40 places doivent être créées au sein d'un Centre d'accueil pour demandeurs d'asile situé dans le centre de sa ville. «Un coup de poignard dans le dos des Biterrois.» Suit une campagne d'affichage municipal «Ça y est ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville ! L'Etat nous les impose.» Sur l'affiche, des hommes barbus à la peau mate font face à une cathédrale. Le parquet est saisi. Mais Robert Ménard ne s'arrête pas là : il propose l'organisation d'un référendum local. Avec cette question : «Approuvez-vous l'installation de nouveaux migrants, imposée par l'Etat, sans consultation du conseil municipal ?» Le conseil municipal tourne à la confrontation : des manifestants sont évacués manu militari par la police municipale. En décembre 2016, le tribunal administratif de Montpellier suspend l'exécution de la délibération municipale : aucun référendum ne sera organisé à Béziers sur l'accueil des migrants.