Menu
Libération
Analyse

Il était une fois le Coran

Article réservé aux abonnés
Les travaux de 30 spécialistes du monde entier sur le texte sacré de l’islam sont réunis dans une synthèse historico-critique inédite de plus de 3 000 pages qui vient de paraître.
Restauration du plus vieux Coran du monde par le spécialiste Mohamed Seif el-Shazli, en mai 1993. (Photo Frédéric Neema. Sygma. Getty Images)
publié le 21 novembre 2019 à 20h41

Les grandes initiatives, même intellectuelles, naissent souvent du hasard. Il y a cinq ans, Mohammad Ali Amir-Moezzi, grand spécialiste du Coran, s'entretenait avec son éditeur Jean-François Colosimo, le patron des éditions du Cerf, vénérable maison catholique réputée pour son travail éditorial en matière de théologie. «Il me proposait de faire une nouvelle traduction du Coran en français», raconte le chercheur. Mais il a une autre idée en tête : rassembler les connaissances scientifiques, notamment dans les domaines archéologiques, historiques et linguistiques sur le Coran.

«J'en avais besoin pour moi-même tant la recherche est intense sur ce sujet depuis une quarantaine d'années», explique Amir-Moezzi. Le projet séduit le patron du Cerf. «Comme maison d'édition, c'est notre mission d'offrir des instruments de compréhension du fait religieux et des religions. Nous ne sommes pas seulement un éditeur de théologie mais aussi de sciences humaines», dit Jean-François Colosimo.

Lecture enrichissante

Les études historico-critiques sur le Coran ont débuté au XIXe siècle, l'un de leurs pionniers est un rabbin juif libéral, Abraham Geiger, frappé alors par les nombreux éléments bibliques contenus dans le texte coranique. Mais c'est au début des années 70 que s'opère un tournant essentiel : depuis, pour une majorité de chercheurs, il s'agit d'étudier le Coran non plus uniquement à partir des sources musulmanes, majoritairement plus tardives, mais dans le contexte religie