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Libération

Forces de l’ordre : des progrès mais peut mieux faire

Si la gendarmerie a créé un module de formation initiale dédié, ce n’est pas encore le cas dans la police.
publié le 22 novembre 2019 à 20h46

D'après l'Observatoire national des violences faites aux femmes, seules 28 % des femmes victimes de violences conjugales se rendent au commissariat ou à la gendarmerie. D'où l'enjeu de la formation des forces de l'ordre sur le sujet. « L'accueil, c'est le gros problème, reconnaît Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa police. On met des jeunes gens non expérimentés alors qu'on devrait avoir des policiers aguerris et formés.» Si la Direction générale de la police nationale se dit «consciente des difficultés du recueil de la parole des victimes», elle assure «prendre toutes les mesures» nécessaires. Depuis 2014, plus de 1 000 agents en poste à l'accueil ont été formés. Mais à ce jour, il n'existe pas de module de formation initiale dédié aux violences faites aux femmes. La question est étudiée «de manière annexe tout au long de la scolarité», assure une source policière, tant dans le cadre de la formation généraliste à l'accueil que lors de «mises en situation sur les différends intrafamiliaux». Pour les fonctionnaires déjà en poste, «beaucoup de choses se font en local». Mais ces formations, basées sur le volontariat, restent à l'initiative des centres départementaux de stage et de formation. «J'ai fait de cette thématique ma priorité, mais ce n'est pas toujours possible», admet Fabienne Boulard, organisatrice de trois journées de sensibilisation (lire page 3 et 4) dans les Yvelines en 2019.

Côté gendarmerie, les élèves suivent depuis septembre un module spécifique de huit heures sur les violences intrafamiliales, sexuelles et sexistes, parmi les 130 heures consacrées à l'accueil des victimes. Au programme : mises en situation et apprentissage de techniques d'audition pour «mettre en confiance la victime et éviter qu'elle ait à répéter ce qu'elle a subi», explique Maddy Scheurer, porte-parole de la gendarmerie. Pour les gendarmes en poste, différents stages existent en lien avec des associations : «Nous avons besoin en permanence de continuer à nous former», souligne Maddy Scheurer. D'autant qu'accompagner le recueil des premiers mots d'une victime est aussi la condition d'une bonne restitution des faits transmis à la justice. Enfin, depuis un an, victimes ou proches peuvent se tourner vers le portail en ligne pour dénoncer ou trouver conseil. Depuis sa mise en route, près de 6 400 contacts ont été établis avec l'équipe de policiers et gendarmes formés.