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Modes de vie

Les ados un peu trop mous du genou selon l'OMS

L'Organisation de la santé rappelle qu'il faudrait, à cet âge, accomplir au moins une heure d’activité physique «modérée à intense» par jour. Tout ça alors que les corps sont en plein branle-bas de combat...
L’auteure de l'étude a invoqué l’importance croissante accordée aux études, les «motifs culturels» qui font que les filles sont moins poussées à pratiquer une activité physique. (Photo Peter Glass. Plainpicture)
publié le 22 novembre 2019 à 18h17

Les personnes de 11 à 17 ans ne bougent pas assez, et c'est une réalité internationale. Voilà ce que déplore l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans une nouvelle étude fondée sur des données provenant de 1,6 million d'élèves et recueillies entre 2001 et 2016. Elle a été publiée jeudi dans la revue The Lancet Child & Adolescent Health.

L'OMS rappelle que la recommandation actuelle est de faire au moins une heure d'activité physique «modérée à intense» par jour. Las, l'exhortation est ignorée de manière massive, par 81% des adolescents. Et les filles sont, pour une fois, encore plus mauvaises élèves que les garçons avec un taux de 85% versus 76%. De quoi se faire du souci pour l'avenir : «Un mode de vie physiquement actif pendant l'adolescence est bon pour la santé, rappelle l'OMS. Il améliore la forme cardiorespiratoire et musculaire ainsi que l'état des os et la santé cardiométabolique, et a des effets positifs sur le poids. Des données de plus en plus nombreuses tendent aussi à indiquer que l'activité physique améliore le développement cognitif et la socialisation. Les éléments dont nous disposons aujourd'hui laissent penser qu'une grande part de ces effets continuent de se faire ressentir à l'âge adulte.»

Lapalissade

Pourquoi tant de mollesse ? Lors de la présentation de ces observations aux médias, l'auteure principale, Regina Guthold, a invoqué l'importance croissante accordée aux études, les «motifs culturels» qui font que les filles sont moins poussées à pratiquer un sport ou une activité physique comme aller à l'école à vélo. Mais l'insécurité croissante freine globalement les ados à se déplacer à vélo ou à pied, a précisé Leanne Riley, docteure et coauteure de l'étude. Qui a par ailleurs aussi impliqué la «révolution électronique», les écrans poussant les ados «à être moins actifs».

So what ? Sans vouloir offenser l'OMS, cette étude fait l'effet d'une lapalissade. Déjà, globalement, l'humain tend à se sédentariser toujours plus – l'OMS s'en alarmait d'ailleurs en 2018, en pointant qu'environ une femme sur trois et un homme sur quatre n'ont pas assez d'activité physique pour rester en bonne santé. Et puis, l'ado lymphatique est un truisme. Le pas traînant, la silhouette voûtée, le regard las, le réveil matinal en dix temps, le vautrage sur canapé, l'inertie torpilleuse de toute proposition de sortie, font notoirement partie du combo de l'âge dit «ingrat».

Ontologiquement fatigant

C'est que l'OMS ne rappelle pas un facteur décisif dans cette apathie générationnelle systématique : être ado est ontologiquement fatigant, une tannée. Grandir demande beaucoup d'énergie. Alors qu'un adulte se satisfait de 2 000 calories par jour, certains adolescents (selon l'âge ou le genre) doivent avaler entre 3 000 et 3 500 calories. Or il peine aussi à s'endormir le soir. La faute aux hormones de croissance (GHRH) qui s'excitent en soirée. «Résultat : il glandouille dans sa chambre, s'endort à point d'heure et se traîne toute la journée comme une loque, compatissait Libération en 2010, à l'occasion d'un symposium intitulé «Les ados ont les glandes». Cette période peut durer environ cinq ans, c'est bon à savoir. Par ailleurs, l'ado a la partie du cerveau qui contrôle la motivation au ralenti. Ce qui explique une sorte de léthargie au niveau de l'enthousiasme.» A quoi il faut ajouter, en parallèle, le big bang hormonal qui voit le taux d'œstrogène multiplié par 40 chez la fille, et le taux de testostérone multiplié par 60 chez le garçon.

Alors, évidemment, pas question d'encourager la «couch potato» ni le geek reclus avec sa console. Mais bon, sachons aussi dépasser les airs de chiffe : être ado, c'est s'aligner (sans l'avoir demandé et alors que ton corps en en plein branle-bas de combat) sur un steeple, cette course de demi-fond avec obstacles. Héroïque.